Bourse de Casablanca: ce que disent les chiffres de 2025

Bourse de Casablanca

En 2025, le marché boursier marocain a changé d’échelle. Avec une progression annuelle de plus de 28% du MASI, une capitalisation franchissant le seuil historique des 1.000 milliards de dirhams et un retour marqué des volumes et des IPO, la Bourse de Casablanca a signé en 2025 l’un de ses exercices les plus aboutis.

Le 30/12/2025 à 14h16

L’année 2025 s’impose comme un millésime de référence pour la place casablancaise. À la clôture de la séance du lundi 29 décembre, l’indice de toutes les valeurs cotées, le MASI, affichait un gain annuel d’environ +24,5% avec un volume global de global de plus de 1.322 milliards de dirhams Cette dynamique haussière n’a pas été l’apanage du seul indice global. Le MASI 20, qui regroupe les 20 valeurs les plus liquides de la cote, a lui aussi affiché une progression robuste d’environ +23 % sur l’année, traduisant une dynamique portée tant par les grandes capitalisations que par les valeurs intermédiaires.

Cette dynamique s’est installée progressivement au fil de l’année, avec une accélération notable au second semestre, portée par des anticipations favorables sur les résultats des entreprises et par un retour de la liquidité.

La capitalisation boursière a suivi ce mouvement. La capitalisation de la place a dépassé 1.039 milliards de dirhams (MMDH) contre des niveaux inférieurs à 900 milliards de dirhams un an plus tôt. Un seuil symbolique, rarement atteint dans l’histoire du marché marocain, qui consacre l’élargissement du marché actions et le renforcement du poids de la Bourse dans le financement de l’économie nationale.

Au-delà de la performance des indices, 2025 aura surtout été marqué par le retour massif des volumes avec des échanges sur le marché central qui ont dépassé 10 MMDH sur l’ensemble de l’année, enregistrant une progression annuelle proche de 100%. Ce redressement tranche avec plusieurs exercices précédents marqués par une atonie de la liquidité. Les volumes se sont intensifiés dès le premier trimestre, avant de s’installer durablement à des niveaux élevés au second semestre et confirmés par les résultats publiés par l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC).

Cette dynamique reflète un regain d’intérêt pour les actions cotées, mais aussi une rotation accrue des portefeuilles, dans un contexte de baisse relative de l’attractivité des placements obligataires.

La structure des échanges évolue également. Selon l’AMMC, la part des investisseurs personnes physiques marocaines dans les volumes a progressé de manière significative en 2025, traduisant un retour de l’épargne domestique vers le marché actions. Les investisseurs institutionnels – OPCVM, compagnies d’assurances et établissements financiers – demeurent dominants, mais le marché retrouve une diversité de profils qui contribue à améliorer sa profondeur et sa résilience.

Des performances sectorielles largement diffusées

La hausse observée en 2025 s’est distinguée par son caractère relativement généralisé. La grande majorité des indices sectoriels a terminé l’année en territoire positif, seuls quelques compartiments enregistrant des performances négatives.

Les secteurs liés à l’énergie, aux mines et aux matériaux de construction se sont particulièrement illustrés. Selon les données officielles du marché, certaines valeurs de la production électrique, des métaux et du BTP ont enregistré des progressions à deux, voire trois chiffres sur l’année, portées par la reprise de l’investissement, les grands projets d’infrastructures et l’amélioration des perspectives de demande.

Le secteur de la santé et de la pharmacie a également bénéficié d’un regain d’intérêt, dans un contexte de montée en puissance des groupes privés et de visibilité accrue sur leurs plans de développement. À l’inverse, certains segments plus cycliques, notamment liés au tourisme ou à la consommation spécifique, ont affiché des performances plus contrastées, reflétant des arbitrages sectoriels plutôt qu’un désengagement global du marché.

Selon l’AMMC, cette dispersion des performances traduit un marché plus mature, où la sélection des valeurs et des secteurs reprend le pas sur une dynamique purement indicielle. D’ailleurs, l’un des marqueurs de l’exercice 2025 tient à la réactivation du marché primaire à la Bourse de Casablanca. Après plusieurs années de relative léthargie, les introductions en Bourse et les opérations de financement ont retrouvé une dynamique portée par les IPO de Cash Plus et de SGTM, complétées par Vicenne et par des augmentations de capital d’ampleur comme celle de TGCC. Cette séquence traduit un changement qualitatif du marché, caractérisé par un engouement record du public, des millions de souscripteurs mobilisés et une réappropriation de la Bourse par les investisseurs individuels, préparant le terrain à des levées de fonds plus élevées et à une diversification sectorielle plus profonde.

Dans le détail, Cash Plus, première fintech cotée, a signé une introduction en Bourse exceptionnelle avec plus de 81.000 souscripteurs, confirmant l’appétit du marché pour les nouveaux modèles financiers. SGTM, Société générale des travaux du Maroc, a réalisé l’une des plus importantes IPO jamais enregistrées, portée par une demande massive. Vicenne a, de son côté, attiré plus de 37.000 souscripteurs, principalement des investisseurs individuels, tandis que CMGP Group s’est également distinguée par une forte demande et une large participation. En parallèle, l’augmentation de capital de TGCC a mobilisé près de 83.000 souscripteurs, illustrant la profondeur nouvelle du marché.

Le succès de ces introductions s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs, selon l’AMMC, notamment l’amélioration des conditions de marché, les valorisations attractives, et l’appétit renouvelé des investisseurs pour des entreprises disposant de fondamentaux solides et de perspectives de croissance identifiées.

Ce retour du marché primaire constitue un signal fort pour le financement des entreprises marocaines par le marché des capitaux.

La participation des investisseurs étrangers demeure structurellement limitée, mais elle a montré des signes de redressement en 2025. Selon les statistiques publiées par l’AMMC, la part des non-résidents dans les volumes échangés reste inférieure à 6% sur l’année. Toutefois, en valeur absolue, leurs opérations d’achat et de vente ont nettement progressé par rapport à 2024.

Les flux étrangers ont été particulièrement visibles au deuxième trimestre, période durant laquelle les achats ont presque triplé sur un an, selon l’AMMC. Cette évolution traduit un regain d’intérêt pour le marché marocain, dans un contexte de stabilité macroéconomique et de perspectives jugées favorables. Néanmoins, la Bourse de Casablanca demeure avant tout portée par l’épargne nationale. Cette caractéristique, souvent perçue comme une limite, a également joué un rôle stabilisateur en 2025, en réduisant la volatilité liée aux arbitrages internationaux.

En 2025, la Bourse de Casablanca apparaît engagée dans une dynamique qui dépasse la seule performance annuelle. Et selon les analystes, la combinaison d’une capitalisation record, d’une liquidité retrouvée et d’un marché primaire réactivé constituent les bases d’un changement de cycle plus profond.

Par Mouhamet Ndiongue
Le 30/12/2025 à 14h16