Blé: le Maroc face à une nouvelle tempête sur les marchés mondiaux

Confronté à une chute historique des stocks mondiaux de blé annoncée par l’USDA, le Maroc, fortement dépendant de cette céréale stratégique, se retrouve menacé par une nouvelle envolée des prix internationaux.

Revue de presseFace à une baisse historique des stocks mondiaux de blé annoncée par l’USDA, le Maroc, grand importateur de cette céréale stratégique, se retrouve exposé à une nouvelle flambée des prix internationaux. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 19/08/2025 à 19h44

La baisse annoncée des stocks mondiaux de blé pour la campagne 2025/2026 pourrait bien rallumer les signaux d’alerte au Maroc. Selon les dernières prévisions publiées par le Département américain de l’Agriculture (USDA), les réserves mondiales devraient tomber à leur plus bas niveau depuis près d’une décennie, conséquence directe de récoltes décevantes en Europe, en Russie et en Ukraine.

Pour un pays structurellement dépendant des importations, comme le Maroc, la facture céréalière s’annonce plus lourde et le pouvoir d’achat des ménages menacé, indique le quotidien L’Economiste dans son édition du 20 août.

Le rapport World Agricultural Supply and Demand Estimates (août 2025) estime la production mondiale de blé à 789,8 millions de tonnes (Mt), soit une révision en baisse de 2,1 Mt par rapport aux prévisions de juillet. La consommation, elle, reste soutenue à 801,6 Mt, accentuant le déséquilibre. Résultat: les stocks finaux devraient chuter à 256,2 Mt, un seuil critique qui n’avait plus été atteint depuis la campagne 2016/2017. Une situation qui met mécaniquement les pays importateurs sous pression, avec à la clé une hausse attendue des prix internationaux.

Au Maroc, où le pain demeure un aliment de base, le blé tendre couvre plus de la moitié de la consommation. Le Royaume importe déjà plus de 50% de ses besoins, et la tendance devrait se renforcer. Selon l’USDA, Foreign Agricultural Service, les importations marocaines de blé sont estimées à 7,5 millions de tonnes pour 2025/2026, en hausse par rapport à la campagne précédente. Cette progression reflète à la fois une récolte nationale fragilisée par le déficit hydrique et la nécessité de sécuriser un approvisionnement devenu plus complexe et plus coûteux.

La dépendance accrue du Maroc se traduira par une hausse inévitable de la facture d’importation. Car dans un marché international resserré, les grands exportateurs, à commencer par l’Union européenne et la Russie, réduisent leurs disponibilités, créant une rareté relative et tirant les prix vers le haut. «Le Royaume devra donc mobiliser davantage de devises pour assurer ses achats, au moment même où la consommation intérieure reste stable, voire croissante, sous l’effet de la démographie et des besoins de l’industrie meunière», souligne L’Economiste.

Les dernières données de la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL) confirment une dynamique d’adaptation du marché. Entre janvier et juillet 2025, les importations de blé dur ont bondi de 24%, atteignant 825.789 tonnes, alors que celles de blé tendre ont reculé de 16% (2,63 millions de tonnes). L’orge, de son côté, a chuté de 58%, tandis que les produits dérivés, comme les tourteaux de colza (+235%) et la pulpe de betterave (+41%) ont progressé. Au total, les importations de céréales ont diminué de 11%, à 5,8 millions de tonnes, mais traduisent une reconfiguration des achats face aux nouvelles conditions de production et de prix.

Au-delà du blé, le rapport de l’USDA met également en garde contre la volatilité attendue sur d’autres marchés agricoles. Si la production mondiale de céréales secondaires est en hausse, les stocks et les échanges reculent dans plusieurs pays, ce qui pourrait peser sur le maïs et l’orge, essentiels pour l’alimentation animale au Maroc. Pour le riz, les perspectives sont également à la baisse, ce qui pourrait, à terme, affecter les consommateurs marocains.

Face à cette équation complexe, la question de la sécurité alimentaire revient au premier plan, lit-on encore. Diversifier les sources d’importation entre l’Europe, la mer Noire et l’Amérique du Nord devient une nécessité stratégique. Mais à moyen et long terme, le Maroc devra accélérer ses réformes agricoles: modernisation de la filière céréalière, extension des périmètres irrigués et diversification des cultures. Autant de leviers pour réduire une dépendance structurelle qui expose le pays aux moindres secousses des marchés mondiaux.

Par La Rédaction
Le 19/08/2025 à 19h44