La solidité économique du Maroc, appuyée par des investissements d’envergure, devrait permettre au pays de réaliser une croissance annuelle moyenne du PIB de 3,8% entre 2025 et 2026, dépassant ainsi la médiane des pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. Selon le rapport de Fitch Ratings, une hausse significative de la rentabilité des banques est attendue durant cette période, indique le magazine Finances News Hebdo.
Les perspectives de création d’un marché secondaire pour les créances douteuses pourraient également avoir un impact important sur la santé financière des banques marocaines. Avec une croissance moyenne des crédits de 4,5% entre 2019 et le troisième trimestre 2024, le secteur bancaire pourrait accélérer à 6% en 2025.
Les sept plus grandes banques marocaines ont déjà enregistré une hausse de 19% de leur résultat net agrégé au troisième trimestre 2024 par rapport à l’année précédente. Cette dynamique devrait se poursuivre, portée par une augmentation des volumes d’affaires et une réduction des provisions pour créances douteuses, selon Finances News.
Par ailleurs, les investissements massifs dans les infrastructures et l’industrie, totalisant 100 milliards de dollars entre 2025 et 2030, devraient soutenir cette croissance. Fitch prévoit que ces projets, dont 34 milliards de dollars prévus pour 2025, stimuleront la demande de crédits, notamment les prêts à l’investissement, qui ont déjà augmenté de 14% sur un an au cours des dix premiers mois de 2024.
Malgré ces perspectives positives, Fitch met en évidence certains facteurs structurels limitant une amélioration significative de la note de l’environnement opérationnel des banques marocaines. Parmi ces défis figurent un PIB par habitant relativement faible (4.021 USD en 2024), une forte dépendance à l’agriculture (12% du PIB et 30% de l’emploi), ainsi qu’un taux de chômage élevé, estimé à 12,5% en 2025.
Cependant, les secteurs non agricoles, tels que le tourisme et la construction, devraient compenser ces faiblesses au cours des deux prochaines années, notamment grâce à l’organisation d’événements sportifs majeurs. Fitch anticipe également que l’introduction d’un marché secondaire pour les créances douteuses pourrait libérer des ressources importantes pour les banques, ce qui améliorerait leurs ratios de capital et leur capacité à financer la croissance.
«Le volume des créances douteuses des banques marocaines a plus que doublé en dix ans, atteignant 98 milliards de dirhams à fin septembre 2024, soit 8,6% des crédits du secteur et environ 7% du PIB. Les règles fiscales strictes qui imposent la conservation de ces créances pendant cinq ans ont un impact négatif sur les bilans des banques», souligne l’hebdomadaire. Fitch estime qu’une réduction de 20% des créances douteuses des six plus grandes banques pourrait améliorer leur ratio de fonds propres CET1 de 185 points de base en moyenne, libérant ainsi des capacités pour le financement.
Bien que la capitalisation demeure un point faible relatif pour certaines banques marocaines, une amélioration durable, combinée à une meilleure génération de capital interne, pourrait renforcer leurs notes de capitalisation. En conclusion, Fitch considère que les banques marocaines sont bien positionnées pour profiter des opportunités offertes par un environnement opérationnel plus favorable et des réformes en cours.