Attaques en mer Rouge: depuis la mi-décembre, les tarifs du fret entre la Chine et le Maroc ont augmenté de 60% à 100%

Le transporteur de véhicules Galaxy Leader, appartenant à la compagnie Ray Shipping, saisi par les rebelles houthis le 19 novembre 2023 en mer Rouge. AFP or licensors

Répercutant les coûts du rallongement des trajets pour contourner le détroit de Bab al-Mandab, en mer Rouge, les transporteurs maritimes ont logiquement augmenté leurs tarifs. Conséquence: les prix du fret maritime entre la Chine et le Maroc ont connu une hausse allant de 60% à 100% depuis la mi-décembre. Un renchérissement qui risque de durer, voire de s’aggraver dans les prochaines semaines.

Le 05/01/2024 à 12h29

Les tarifs du fret maritime sont montés en flèche, près de deux mois après le début des attaques des rebelles houthis du Yémen contre les porte-conteneurs tentant le passage par le détroit de Bab al-Mandab, reliant le golfe d’Aden et la mer Rouge. Et sans surprise, les opérateurs économiques marocains ne sont pas épargnés.

«À partir de la deuxième quinzaine de décembre, les tarifs du fret maritime ont augmenté d’une fourchette allant de 60 à 100%, essentiellement au départ de la Chine vers le Maroc», révèle, dans une déclaration pour Le360, Rachid Tahri, président de l’Association des Freight Forwarders du Maroc (AFFM Maroc) et secrétaire général de la Fédération du transport et de la logistique, affiliée à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). À titre d’illustration, depuis cette période, le transport d’un conteneur de 20 pieds entre les deux pays est passé de 1.450 à 2.800 dollars, soit une hausse de 93%, des tarifs en vigueur au moins jusqu’au 14 janvier 2024.

Une hausse généralisée

Pour éviter les attaques des Houthis, qui ont ciblé 23 navires commerciaux depuis la mi-novembre, six des plus grands armateurs mondiaux (le Danois Maersk, le Français CMA-CGM, l’Allemand Hapag-Lloyd, l’Italo-Suisse MSC, le Coréen HMM et le Taïwanais Evergreen) avaient annoncé, début décembre, la suspension jusqu’à nouvel ordre du passage de leurs navires par Bab al-Mandab, détroit par lequel transite 12% du commerce maritime mondial.

Le trajet alternatif passe désormais par le cap de Bonne-Espérance, au large de l’Afrique du Sud, rallongeant le voyage entre l’Asie et l’Europe de 7 à 14 jours, et augmentant par conséquent les coûts logistiques et les tarifs des transporteurs.

Ainsi, le 28 décembre dernier, MSC, numéro 1 mondial du transport maritime, a annoncé une augmentation de 1.000 à 2.000 dollars par conteneur pour les échanges entre la Méditerranée et la péninsule arabique, l’Afrique de l’Est ou le sous-continent indien. De son côté CMA-CGM a acté le quasi-doublement de ses tarifs à partir du 15 janvier: la compagnie française facturera alors le transport entre l’Asie et la Méditerranée occidentale d’un conteneur de 20 pieds à 3.500 dollars (contre 2.000 dollars auparavant), et de celui de 40 pieds à 6.000 dollars (contre 3.000 dollars auparavant).

Le Maroc impacté par la hausse

«Nous nous attendons à d’autres annonces similaires dans les prochains jours, ainsi que l’imposition de taxes supplémentaires liées à l’assurance. Les armateurs sont obligés de revoir leurs primes d’assurance à la hausse, ainsi que tous les risques y afférents pour compenser les coûts liés au rallongement des temps de trajets. Bien évidemment, le Maroc sera impacté par cette augmentation des tarifs et nous nous y préparons», souligne Tachid Tahri.

D’après Freightos, une plateforme de réservation et de paiement pour le fret maritime international, les tarifs du fret entre l’Asie et l’Europe du Nord ont augmenté de 173% depuis l’annonce du détournement vers le cap de Bonne-Espérance, tandis que les prix Asie-Méditerranée ont doublé. «Les transporteurs ont également annoncé des suppléments allant de 500 dollars à 2.700 dollars par conteneur, ce qui pourrait faire grimper encore davantage les prix tout compris payés par les expéditeurs», précise le site.

Par Elimane Sembène
Le 05/01/2024 à 12h29