Réuni vendredi 28 janvier 2022, le conseil de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) a octroyé deux nouveaux agréments pour pratiquer des opérations d’assurance Takaful, confirme, interrogée par Le360, une source proche du dossier.
Il s’agit, d’une part, de la Marocaine Vie, membre du groupe Société Générale Maroc, qui a obtenu l'autorisation de l’Acaps pour la création d’une filiale Takaful et, d’autre part, de la Société centrale de réassurance (SCR) qui a décroché l’agrément de l’Acaps pour la création d’une fenêtre Takaful.
«Contrairement aux banques participatives, la création d’une fenêtre est permise uniquement pour les entreprises de réassurance dans le cas de l’assurance Takaful», tient à préciser cet interlocuteur.
Avec ces deux nouveaux agréments, le nombre des entreprises d’assurance ayant reçu le feu vert de l’ACAPS pour pratiquer des opérations d’assurance Takaful passe à cinq (quatre filiales Takaful et un réassureur). Le 10 décembre dernier en effet, trois filiales Takaful de compagnies d’assurance, à savoir Wafa Takaful (filiale de Wafa Assurance), Attakafulia Assurances (filiale de MAMDA/MCMA) et Taaouiniyate Taamine Takafuli (filiale de AtlantaSanad), recevaient l’indispensable autorisation, de la part du régulateur du secteur, pour se lancer dans cette nouvelle activité.
L’octroi de ces agréments et la publication en octobre dernier, par l'ACAPS, de la circulaire portant sur l’application des dispositions du Code des assurances relatives à l'assurance Takaful, ouvrent la voie à l’entrée en vigueur de l’assurance Takaful au Maroc dans les prochains mois. Les professionnels sondés par Le360 s’attendent à un démarrage effectif de cette nouvelle activité au cours du premier semestre 2022.
Lire aussi : Assurance Takaful: après les premiers agréments, voici ce qu'il reste à faire pour que l’activité démarre, enfin
L’entrée en vigueur de l’assurance Takaful constitue un pas important vers la mise en place d’un écosystème participatif complet au Maroc. On se souvient que les banques participatives avaient commencé à commercialiser des produits de financement dès 2018, notamment pour l’acquisition de biens immobiliers (à travers la Mourabaha immobilière), sans que l’acheteur ne souscrive à une assurance décès, faute de disponibilité de cette assurance.
Il faut savoir en effet que le Conseil supérieur des oulémas (CSO) a interdit aux banques participatives de faire souscrire à leurs clients des assurances classiques, non conformes à la Charia.
L’encours de ces financements, qui ne sont donc pas couverts par une assurance, atteint tout de même près de 15,5 milliards de dirhams à fin octobre 2021 pour la Mourabaha immobilière, qui représente le gros des financements participatifs distribués à ce jour. Les clients qui ont bénéficié de ces financements se sont engagés à souscrire à une assurance décès conforme à la charia, une fois que celle-ci sera mise sur le marché.
Selon les calculs de Hakim Bensaïd, président de l’Association marocaine pour les professionnels de la finance participative, ce stock de financements non assurés à ce jour devrait générer des primes d’assurance Takaful de l’ordre de 60 millions de dirhams de dirhams en 2022.
«Au total, si le rythme des financements de la Mourabaha immobilière se maintient, l’activité du Takaful devrait générer pas moins de 100 millions de dirhams en 2022, soit une part de marché de près de 10% du marché marocain de l’assurance décès adossée à des financements», estime-t-il.