Les derniers chiffres, dévoilés la semaine dernière par le gouvernement, font état de 8.500 bénéficiaires ayant pu acquérir leur logement grâce au nouveau dispositif d’aide au logement. Rappelons que ce programme accorde une aide de 100.000 dirhams pour l’acquisition d’un logement dont le prix de vente est inférieur ou égal à 300.000 dirhams TTC, et une aide de 70.000 dirhams pour l’acquisition d’un logement dont le prix se situe entre 300.000 et 700.000 dirhams TTC.
Depuis le lancement de ce programme en janvier 2024, c’est la première fois que le gouvernement se prononce sur le nombre de bénéficiaires effectifs. Avant cette annonce, il se contentait de communiquer le nombre des demandes inscrites sur la plateforme Daam Sakan, lequel avait atteint 60.976 au 1er avril.
«Pour le gouvernement, la clé du succès de ce programme résidait dans le nombre des demandes enregistrées sur la plateforme Daam Sakan. Or, les personnes inscrites ne sont pas toutes éligibles à l’aide. Ce qui importe le plus, ce sont évidemment les réalisations et non pas les inscriptions», souligne ce promoteur immobilier basé à Casablanca. Notre interlocuteur attire d’ailleurs l’attention sur le fait que ce bilan de 8.500 unités vendues n’a pu être réalisé en dehors des logements déjà construits avant le lancement du programme, car, dit-il, «on ne peut pas construire des logements en quatre mois».
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Pour bon nombre d’observateurs du secteur immobilier, le bilan présenté par le gouvernement ne peut en aucun cas être significatif, dans la mesure où il ne fournit aucune précision sur le nombre de logements pour lesquels une autorisation de construire a été délivrée (ou en cours d’instruction) depuis le 1er janvier, et qui sont éligibles au programme d’aide.
«Dès son lancement en 2010, l’ancien programme du logement social avait suscité un engouement sans précédent auprès des promoteurs immobiliers, toutes tailles confondues. Ce n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui avec ce nouveau programme», déplore-t-on du côté des professionnels du bâtiment qui estiment que le nombre des autorisations de construire (mises en chantier) dans la catégorie de logements précisément ciblée par les aides a même baissé d’environ 30% en 2023.
Les promoteurs immobiliers restent sceptiques quant à l’efficacité du nouveau dispositif d’aides, arguant que les conditions qui l’accompagnent ne sont pas suffisantes pour sortir le secteur de son marasme. «Près de 70% de la demande concerne des logements de moins de 300.000 dirhams, qui sont irréalisables dans le cadre fixé par le nouveau programme d’aide, notamment dans certaines villes qui exigent une surface minimale de 80 mètres carrés, comme Rabat ou Casablanca», relève la même source.
Par ailleurs, interrogés par Le360, plusieurs promoteurs immobiliers dénoncent un «blocage administratif» et des «complications» dans la procédure accompagnant l’octroi des autorisations de construction. «Les délais de traitement varient de six mois à une année et demi. Le comble, c’est qu’en cas de rejet d’un dossier, les promoteurs n’ont pas droit à un recours. Les agences urbaines ont un droit de vie ou de mort sur le secteur», déplore-t-on du côté des promoteurs immobiliers.