Alors que la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) devrait statuer durant 2017 sur les accords de pêche entre le Maroc et l'UE, Jean-Claude Junker, le président de la Commission européenne, aurait fait un "cadeau" au Maroc. C'est ainsi que "Maghreb confidentiel" présente un amendement de l’accord de pêche, daté du 5 janvier, entrepris par Jean-Claude Junker comme «un lot de consolation au royaume».
Il s'agit d'un mesure qui «incite les flottes européennes à débarquer plus de poissons dans le royaume. Les sociétés de pêche déchargeant plus de poissons que le seuil minimal obligatoire bénéficieront d'une réduction sur la redevance de 5 % pour chaque tonne délivrée».
Un opérateur marocain du secteur halieutique commente pour le360 cette décision. «Ce rabattement n’est pas suffisant pour encourager la flotte européenne à accoster dans les ports marocains», affirme-t-il.
Il précise par ailleurs «remarquez que le taux de 5% concerne la quantité pêchée et non pas celle autorisée à l’être!». Selon lui, «ce rabattement n’est que pour "sauver" la face aux uns et aux autres: Maroc et Union Européenne».
Pour notre opérateur, les bateaux de pêche européens sont dissuadés «par le dispositif de contrôle de leurs captures et des engins de pêche dans les ports marocains». La même source plante le décor: « faute de contrôle réel et efficace au débarquement, que ce soit au Maroc ou en Europe dans les ports ou en mer, des dépassements de quotas ne sont pas à exclure, et la pêche d’espèces non autorisées non plus».
"Le Maroc et l’UE ont des obligations en matière de préservation des ressources halieutiques et bien sûr le respect des dispositions du protocole de l’accord de pêche en vigueur", explique notre interlocuteur.
Notre opérateur suggère que: «l’accord de pêche devrait intégrer l’obligation d’un observateur scientifique sur tous les navires de l'UE et pendant toute la période de leur activité au Maroc ainsi que l’obligation de débarquer la totalité des captures dans les ports marocains».
Les avantages d’une telle insertion permettraient ainsi un contrôle réel et permanent de l’activité de ces navires dans les eaux marocaines, la création d’emplois dans les ports marocains, et surtout «la perspective de délocalisation d’une partie de l’industrie de pêche européenne, notamment espagnole, pour être proche de la ressource». Mais il semble que ceci n’emballe pas vraiment les pêcheurs européens.