2026, le test de la croissance durable

Croissance économique.

À l’orée de 2026, le Maroc clôt l’exercice 2025 sur une appréciation économique globalement favorable. Le pays a su faire preuve de résistance face aux chocs, même si des faiblesses structurelles persistantes continuent de limiter la portée et le rythme de la reprise.

Revue de presse À la fin de l’année 2025, l’économie marocaine affiche des indicateurs globalement rassurants, portés par une croissance solide et une inflation maîtrisée. Derrière cette résilience, les fragilités structurelles et les tensions sociales persistent, faisant de 2026 une année décisive pour transformer la croissance en emplois, en confiance et en progrès durable. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 25/12/2025 à 19h52

Le Maroc s’apprête à tourner la page de 2025 et le bilan économique apparaît «plutôt positif: une économie qui fait preuve de résilience, mais dont les fragilités structurelles continuent de freiner l’élan. L’année à venir s’annonce comme un moment charnière, où l’enjeu central ne sera plus seulement de croître, mais de savoir si cette croissance peut s’inscrire dans la durée et produire des effets tangibles pour l’ensemble de la société», relève le quotidien L’Economiste dans son édition du vendredi 26 décembre.

Sur le plan macroéconomique, 2025 aura confirmé la capacité de résistance de l’économie marocaine dans un contexte international peu porteur. Entre le ralentissement de l’économie européenne, principal partenaire du Royaume, et la persistance des tensions géopolitiques, l’environnement extérieur est resté incertain. Malgré cela, la croissance s’est maintenue dans une fourchette comprise entre 3,5% et 4%, soutenue par une reprise partielle de l’activité agricole et par la bonne tenue des secteurs non agricoles, notamment les services, l’industrie et certaines activités exportatrices.

«L’évolution des prix constitue un autre signal rassurant», souligne L’Economiste. Après avoir atteint des niveaux préoccupants les années précédentes, l’inflation a progressivement reflué pour revenir à des seuils jugés maîtrisables en fin d’année. Cette accalmie a permis à Bank Al-Maghrib de conserver une politique monétaire accommodante, privilégiant la stabilité financière et le soutien à l’investissement plutôt qu’un resserrement brutal des conditions de financement. Dans le même temps, la stabilité de la notation souveraine du Maroc traduit la confiance relative des marchés internationaux dans la trajectoire macroéconomique du pays et dans sa capacité à honorer ses engagements.

Ce tableau globalement positif ne doit toutefois pas occulter les déséquilibres persistants qui continuent de peser sur l’économie. Le déficit budgétaire et le déficit commercial demeurent des préoccupations structurelles, tout comme la forte dépendance énergétique du pays, malgré les avancées réalisées dans le domaine des énergies renouvelables. À cela s’ajoutent une vulnérabilité accrue aux chocs climatiques, qui affectent directement l’agriculture et les ressources en eau, ainsi qu’une productivité encore insuffisante dans plusieurs segments de l’économie.

«C’est sur le terrain social que les limites du modèle actuel apparaissent le plus clairement», note L’Economiste. En dépit des efforts budgétaires consentis et de la montée en puissance des programmes de protection sociale, le chômage demeure élevé, en particulier chez les jeunes et les femmes. La croissance enregistrée ne se traduit pas encore par une création suffisante d’emplois de qualité, capables d’absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail et de réduire les inégalités.

L’adoption de la loi de finances 2026 s’inscrit dans une logique de continuité. Les autorités maintiennent le cap sur l’investissement public, la préservation des équilibres macroéconomiques et la poursuite des programmes sociaux. Cette stratégie se heurte toutefois à une marge de manœuvre budgétaire étroite, dans un contexte marqué par des attentes sociales élevées et par la nécessité de préserver la crédibilité financière du pays. À l’approche des prochaines échéances politiques, la capacité de l’action publique à restaurer la confiance et à produire des résultats concrets devient un enjeu central.

«Aujourd’hui, le Maroc ne semble plus confronté à un problème de potentiel de croissance, mais bien à un défi de transformation», précise L’Economiste. Les fondamentaux sont là, les stratégies sectorielles se déploient et les investissements, nationaux comme étrangers, sont en hausse. Ce qui fait encore défaut, c’est un véritable effet d’entraînement sur l’emploi et une redistribution plus inclusive des fruits de la croissance. L’année 2026 pourrait ainsi devenir un test décisif pour la crédibilité des réformes engagées et pour la capacité de l’État à traduire ses choix économiques en progrès social.

Les perspectives pour l’année prochaine demeurent globalement favorables. Les projections tablent sur une croissance avoisinant 4,5%, portée par une meilleure campagne agricole, la montée en puissance de secteurs exportateurs et la poursuite des grands chantiers d’infrastructures. Cette trajectoire reste néanmoins conditionnée par plusieurs facteurs de risque, au premier rang desquels l’imprévisibilité du climat et l’évolution de la conjoncture internationale, notamment en Europe. S’y ajoute un défi majeur : enclencher enfin une dynamique durable de création d’emplois, sans laquelle la croissance restera fragile et la confiance difficile à consolider.

Par La Rédaction
Le 25/12/2025 à 19h52