Aux portes de Zagora, le désert de M’Hamid El Ghizlane fera de nouveau écho aux traditions musicales du Sud-Est marocain. Du 14 au 16 novembre, la 4ème édition du Festival Zamane célébrera le patrimoine Ganga, les sonorités gnawa et les héritages amazigh, arabe, daraoua et saharien.
Porté par Joudour Sahara, avec le soutien de l’Arab Fund for Arts and Culture (AFAC), de la Coopération suisse et de la Playing for Change Foundation, l’événement s’affirme comme un rendez-vous majeur de la région, à la jonction entre valorisation patrimoniale, création contemporaine et transmission aux jeunes générations.
Immersion au cœur des traditions sahariennes
Cette quatrième édition a réuni plus de 150 musiciens Ganga et Gnawa issus de la vallée du Drâa, autour de concerts, d’ateliers et de performances en plein air, sous le ciel étoilé du Sahara. Le festival proposera également un espace de transmission intergénérationnelle, où maîtres musiciens et jeunes locaux partageront techniques, récits et savoir-faire. Ces rencontres offriront une immersion profonde dans les traditions du désert, tout en permettant à ces patrimoines vivants d’entrer en dialogue avec des formes artistiques contemporaines.
Bien plus qu’un festival...
Pour Halim Sbai, directeur du Festival, l’événement est d’abord l’aboutissement d’un travail de fond mené toute l’année. «Pour nous, Zamane n’est pas seulement un festival: c’est l’espace où nous montrons le travail accompli tout au long de l’année. Les 150 artistes que vous avez vus, nous avons travaillé avec eux, enregistré leurs spectacles et accompagné leurs créations en amont», dit-il.
Il insiste également sur l’importance stratégique et historique du lieu: «Nous sommes dans l’une des dernières oasis de Zagora, aux confins septentrionaux du Grand Sahara. Nous voulons rappeler le rôle du Maroc, ses racines africaines et ses liens avec les frontières du Sud: de Tombouctou jusqu’au fleuve Sénégal».
Face à la tentation de folkloriser le patrimoine, il plaide pour une approche plus authentique et respectueuse: «Le touriste post-Covid est devenu exigeant; à nous de sortir des clichés et de la folklorisation de notre patrimoine».
Un rôle social essentiel dans une région isolée
Pour l’acteur Hicham Ouali, présent à l’événement, le Festival Zamane représente bien plus qu’un simple rendez-vous artistique dans une région où l’accès à la culture reste limité. «On oublie souvent qu’il existe, au Maroc, des régions qui n’ont ni théâtre ni salle de cinéma, et qu’un festival comme celui-là est parfois le seul moyen pour que la population locale reste en lien avec la culture et les arts, et pour que les jeunes ici ne se sentent pas isolés».
En s’ancrant au cœur d’un territoire longtemps marginalisé, Zamane crée ainsi un espace de rencontre, de transmission et de fierté collective, faisant du Sahara un véritable foyer de créativité vivante et partagée.








