Réalisateur tunisien, Youssef Chebbi est né dans ce pays en 1984.
Après des études d'arts, il a réalisé deux court-métrages, Vers le Nord (2010) et Les profondeurs (2012) qui ont été sélectionnés pour participer à différents festivals internationaux.
En 2012, il a co-réalisé un documentaire, Babylon, qui a remporté le prix du jury au Festival international de cinéma de Marseille, et qui a aussi été présenté au Mamo, un centre d'arts de cette ville du sud de la France. Ashkal, produit en 2022, est son premier long-métrage.
Dans ce film, vous traitez de l’immolation comme symbole de la révolution. Qu’est-ce qui justifie ce choix?Je pense que c’est une sorte d’image iconique, en référence à l’évènement du geste de Mohammed Abdelaziz, l’icône de la révolution. Je pense que le cinéma est sensible à ces images matricielles, iconiques, qui changent le cours des choses.
Après, moi, je n’ai pas fait le film pour rendre hommage à la révolution. Il emprunte des choses à la révolution, mais ce n’est pas un film sur la révolution.
Une idée fait référence à une sorte de «secte des immolés». Est-ce que cette idée a traversé le processus d’écriture?Il y a l’idée que l’acte de l’immolation, c’est une image iconique qui a une dimension sacrée, religieuse, elle provoque une certaine croyance. C’est vrai que le film essaie d’explorer cela. Comment une image peut provoquer une mouvance, jusqu’à ce que cette mouvance devienne une croyance.
Il y a deux personnages principaux dans le film, Fatma et Batal. Comment a eu lieu le casting?Les rôles ont été écrits pour eux. Il n’y a pas eu de casting pour les deux personnages principaux. Cela nous a beaucoup aidé, on avait notre décor, on avait nos personnages principaux…
Le scénario du film est aussi écrit en tandem. Comment s’est déroulé le processus d’écriture?J’ai commencé par écrire seul, ensuite mon ami François Allegrini m’a rejoint en écriture. Lui, il a une approche plus méthodique. Il a permis de comprendre ce qu’il y avait d’essentiel dans cette histoire qu’on avait envie de raconter. L’écriture en tandem s’est très bien passée.
Ashkal, a été soutenu par les Ateliers de l’Atlas. En quoi a consisté cette aide plus concrètement?Ce qui est important pour nous avec Les Ateliers de l’Atlas, c’est qu’ils permettent de mettre le film dans une forme de réalité. L’exposer à des regards bienveillants... On place le film dans une réalité de fabrication et de financement. Nous avons eu des retours sur le script, et cela nous a permis de synthétiser nos idées et de prendre confiance dans les possibilités de ce film.
Quel regard portez-vous sur le cinéma tunisien actuel?Le cinéma tunisien commence à explorer d’autres perspectives, d’autres manières d’interpréter la Tunisie, et c’est très bien. On commence à aller vers l’exploration des paysages imaginaires de la Tunisie. Je pense que nous sommes dans un moment où ce pays doit être filmé.