Si la pandémie du Covid-19 a signé la fermeture prolongée des institutions culturelles à travers le monde, elle n’a pas pour autant tué la création. Preuve en est la naissance de ce jeune collectif d’artistes tangérois, établis entre la France et la Belgique, qui a profité du confinement pour se former, créer et développer des projets inspirés et inspirants d’une rive à l’autre de la méditerranée.
Ils sont quatre, ils ont grandi à Tanger et ont précieusement entretenu cette belle amitié d’enfance quand leurs chemins se sont séparés pour les mener en France et en Belgique afin d’épouser des carrières artistiques.
Puis est arrivé le confinement et au cœur de cette période liberticide, l’idée de monter un collectif pour unir leur passion créative a émergé. Le collectif ID 212, référence à leur Maroc natal, est né. Production musicale, enregistrement des sons en studio, écriture, tournage et montage des clips… Les quatre amis se consacrent à plein temps à développer et asseoir l’identité de leur concept qui a aboutit en septembre dernier à la naissance d’un premier projet baptisé Gate 212. A la clé, la production musicale et le développement visuel de trois artistes différents.
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Mais le collectif ID 212 a plusieurs cordes à son arc e,t décide alors, dans un deuxième temps, de créer une trilogie composée de trois clips dont les deux premiers, Nonante et Han Solo, ont été tournés à Paris et le troisième sera tourné prochainement à Bruxelles.
Les quatre amis se répartissent les tâches en fonction de leurs savoir-faire. Ilias et Adam endossent les casquettes de beatmakers, Yanis, licencié en cinéma à la Sorbonne, s’occupe quant à lui de la réalisation et gère toute la partie visuelle des clips et enfin, Flamani, chargé en temps normal de la logistique du collectif sur les réseaux sociaux, passe pour l’occasion derrière le micro.
«On essaie de contraster et de casser les codes», explique, interrogé par Le360, Yanis Ben Jelloun, le réalisateur et fils de l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun.
Une volonté qui saute aux yeux, et aux oreilles, dans les deux premiers clips de cette trilogie, où le rappeur Flamani n’apparaît pas et laisse la vedette à une jeune femme qui fait mine de chanter à sa place dans un playback réussi.
«Notre but est de développer un maximum l’identité et le concept du collectif ID 212, mais aussi et surtout de surprendre, d’être le plus original possible, d’où le fait de faire appel des actrices pour camper le rôle des rappeurs. Ça casse un peu les codes», poursuit à ce sujet Yanis. Ce n’est pas pour autant qu’il faut voir dans ce choix une volonté de contrer le machisme ambiant dans ce style musical.
«Au départ, l’idée n’était pas de revendiquer ce qui allait ou pas dans le rap» concède le réalisateur à qui est venu l’idée de donner le premier rôle à des femmes afin de créer la surprise et de conférer ainsi aux clips une dimension artistique et visuelle différentes. «Avec le clip Han Solo, on a essayé de reprendre les codes des clips de rap, avec des influences drill anglaise, notamment des personnes cagoulées, une certaine esthétique en noir et blanc … et puis de tout casser en mettant une actrice à la place du rappeur». Pari assurément réussi pour ce concept qui avance sur les pas de l’originalité.
Quid du Maroc, qui s’inscrit en filigrane dans toutes créations du collectif qui brandit fièrement son identité à travers l’indicatif 212 de son pays natal? Pour les quatre artistes, le Maroc, c’est l’avenir.
«Au départ, nous voulions tourner notre clip à Tanger mais cela s’est avéré trop compliqué à faire avec la pandémie. Toutefois, notre but à long terme est de développer un label au Maroc et de travailler avec des artistes locaux, sachant qu’il y a des artistes incroyables au Maroc», résume Yanis, dont le collectif caresse le rêve de se lancer au Maroc dans la production musicale en montant un label indépendant.