Actuellement en phase de finalisation sur l'une des façades du Technopark de Tanger, un portrait de la défunte Leïla Alaoui, tragiquement décédée en 2016 à Ouagadougou, au Burkina Faso, sous les balles de terroristes djihadistes, fait déjà polémique. Une fresque signée du street-artist Mouad Aboulhana, qui n’est pourtant pas encore achevée, mais dont les autorités locales ont suspendu le chantier hier, mercredi 23 juin 2021.
L’artiste tangérois, contacté par Le360, a bien voulu dire ce qu'il en est actuellement: «j’ai commencé à travailler samedi dernier et j’en ai encore pour dix jours au minimum, mais hier, des agents d’autorités sont venus nous demander d’arrêter, au prétexte que nous n’avions pas d’autorisation», explique-t-il.
Sur les réseaux sociaux, un bruit se répand: celui de la véritable cause à l'origine de cette suspension, ordonnée par les autorités locales. Les internautes parlent déjà du fait que le visage de cette femme, ou plutôt ses yeux sans pupilles -comme le montrent les images- ne sont pas appréciés de certains responsables à la wilaya de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. «L’une des personnes qui s'est déplacée sur les lieux pour nous demander d’effacer l’œuvre m’a dit "il faut couvrir les yeux"», témoigne Mouad Aboulhana.
Au Technopark, la déception est de mise. Amine Daoud, responsable de l’espace culturel Dabatek du Technopark de Tanger confirme, contacté par Le360, que les autorités ont exigé d’effacer la fresque. «Il y a eu un problème de communication», explique-t-il.
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La direction du Technopark avait pourtant obtenu une autorisation auprès de la Wilaya de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. Mais des responsables tiennent cependant à souligner qu’on ne leur avait pas précisé que la fresque serait celle du portrait d’une personnalité. Par conséquent l’autorisation qui a déjà été délivrée «n'est pas valable».
Rien n'est totalement perdu, toutefois. Des négociations sont actuellement en cours avec des cadres de la wilaya, afin de décrocher une nouvelle autorisation. Une chose est sûre, la fresque ne sera pas effacée. Elle sera, selon les premières infomations qui ont filtré, plutôt remodelée, à condition que l’artiste accepte de revoir son œuvre.
«Si nous avons cet aval, l’artiste poursuivra son travail, sinon on pense effacer le visage et garder des formes géométriques», explique Amine Daoud, qui insiste sur le fait que puisqu’il s’agit d’une commande de l’espace Dabatek, l’artiste devrait, en principe, accepter de modifier son œuvre, qui est rémunérée.
Christine Alaoui, mère de la défunte photographe marocaine, avait quant à elle donné son aval pour que l’image de sa fille soit exploitée dans cette fresque. Avertie de cette polémique sur les réseaux sociaux, elle aurait elle-même appelé l’artiste pour le rassurer et lui signifier qu'elle était plutôt optimiste quant à la suite qui sera donnée à son œuvre.