Pour un Maroc équitable et ambitieux: faire du sport et de la culture des piliers du développement

Fihr Kettani, président de la Fédération des industries culturelles et créatives à la CGEM.

Fihr Kettani, président de la Fédération des industries culturelles et créatives à la CGEM.

TribuneDans cette tribune, Fihr Kettani, président de la Fédération des industries culturelles et créatives à la CGEM, salue le tournant opéré par le PLF 2026 qui érige enfin le sport en levier stratégique de développement, tout en appelant à accorder à la culture la même reconnaissance et les mêmes outils. Il plaide pour que sport et culture deviennent, ensemble, les piliers d’un Maroc souverain, ambitieux et fondé sur la créativité, la cohésion et l’inclusion.

Le 19/11/2025 à 13h58

Le vote d’une loi de finances est toujours un moment politique fort. C’est l’instant où un pays montre ce qu’il décide de valoriser, ce qu’il choisit de financer et donc quelle vision de lui-même il assume. À travers ce texte, on lit une orientation, une ambition, une volonté. Cette année, elle est manifeste. Il y a une cohérence nouvelle entre les recettes que l’État s’apprête à mobiliser, les investissements qu’il engage et la vision de la société qu’il assume.

Le PLF 2026 porte un signal fort et porteur d’avenir. Pour la première fois, le sport est pleinement reconnu comme un levier de développement. Cinq années d’exonération d’impôt pour les acteurs économiques du sport, des allègements fiscaux ciblés pour les professionnels et encadrants, ainsi qu’un dispositif annoncé de déduction encadrée des dons privés: ces mesures ne tombent pas du ciel. Elles sont le fruit d’une trajectoire nationale et d’une vision royale, constante depuis plus de deux décennies, qui investit dans la jeunesse, dans les talents et dans la modernisation de nos structures sportives.

Cette orientation s’inscrit dans la continuité d’un projet clair, celui de bâtir un Maroc souverain, confiant en ses forces vives, convaincu que la performance collective repose sur la cohésion, la discipline et l’inclusion.

Le travail conduit par Fouzi Lekjaa s’inscrit dans cette logique. Il ne s’est pas contenté de défendre un budget. Il a dessiné les contours d’une véritable politique publique pour le football. Une politique qui relie la gouvernance, l’investissement et la justice sociale.

En tant que ministre délégué chargé du Budget, il a su porter une vision structurée, moderne et juste du financement de l’activité footbalistique. Et en tant que président de la Fédération royale marocaine de football, il a prouvé sur le terrain que la gouvernance, la rigueur et l’investissement pouvaient produire des résultats concrets : l’émergence d’une génération formée à l’Académie Mohammed VI, la victoire des moins de vingt ans, la demi-finale historique du Mondial 2022 et la montée en puissance des clubs régionaux.

Ces réussites ne doivent rien au hasard. Elles sont le fruit d’un travail collectif, d’un engagement constant et d’une volonté politique d’ouvrir le sport à toutes les classes sociales, d’en faire un espace d’égalité, de dignité et de fierté nationale.

Aujourd’hui, le sport marocain n’est plus un simple divertissement. Il est devenu un patrimoine immatériel vivant, un outil d’éducation, une école de mérite et un moteur de développement social.

«Faire de la culture un catalyseur de notre émergence, au même titre que l’industrie, l’énergie et le sport, c’est reconnaître que nos entreprises culturelles sont dynamiques»

Ce tournant mérite d’être salué, car il prouve ce qu’une vision d’ensemble, adossée à la volonté royale et soutenue par un gouvernement déterminé, peut produire lorsqu’elle s’accompagne de courage politique et de moyens concrets.

Et cette logique doit désormais s’étendre à un autre axe structurant du développement: la culture.

Depuis des décennies, à titre individuel et au sein de la Fédération des industries culturelles et créatives (FICC) de la CGEM, nous sommes très nombreux à défendre avec conviction que la culture est bien plus qu’ un supplément d’âme. Elle est un des piliers de notre souveraineté, un levier de développement territorial et national et, surtout, de prospérité. En créant cette fédération, nous avons mesuré à quel point la reconnaissance économique pouvait transformer un secteur. Nos industries culturelles et créatives représentent déjà 2,7 % du PIB, plus de 140.000 emplois, dont un tiers sont occupés par des femmes! Mais le potentiel des ICC reste entravé par l’absence d’un cadre fiscal équitable et structurant.

La culture, comme le sport, est un espace d’éducation, d’émancipation, de transmission et de rayonnement. Elle produit des récits, des émotions, des images qui rassemblent et affirment notre identité. Dans un monde où l’influence passe par la créativité, le Maroc a tout à gagner à transformer son patrimoine immatériel en capital stratégique.

Si nous avons su donner au sport un cadre fiscal stimulant, pourquoi ne pas faire de même pour la culture?

Faire de la culture un catalyseur de notre émergence, au même titre que l’industrie, l’énergie et le sport, c’est reconnaître que nos entreprises culturelles sont dynamiques, qu’elles créent de l’emploi, de la valeur, de la cohésion et de la fierté. Leur ouvrir un environnement incitatif n’est pas leur accorder un privilège, c’est un acte de vision et d’audace. Ce n’est pas une dépense, c’est un investissement dans la jeunesse, dans la croissance, dans la créativité et le talent qui feront toute la différence à l’ère de l’intelligence artificielle.

Dans la voie tracée par Sa Majesté le roi Mohammed VI, fondée sur la confiance, la créativité et la valorisation des forces immatérielles, le PLF 2026 incarne cette vision dans des politiques publiques structurantes. Il nous appartient désormais de prolonger cet élan en y intégrant pleinement la culture.

Donner à la culture les mêmes instruments que le sport, pour que les deux deviennent les piliers d’un modèle marocain de développement humain et économique, complémentaires dans cette dynamique.

Le Maroc de 2030 se construira dans ses usines et ses laboratoires, mais aussi dans ses stades, ses scènes, ses ateliers et ses studios. Le sport a ouvert la voie. À la culture, maintenant, de prendre le relais.

Par Fihr Kettani
Le 19/11/2025 à 13h58