C'est lors d'une cérémonie solennelle dans la ville française de Marseille (sud-est) au Musée des cultures de la Méditerranée (Mucem) que la remise a eu lieu. Mais concrètement, les objets, qui pèsent au total près de trois tonnes, ne partiront qu'à la fin du mois vers le Maroc.
Les contrôlent remontent à 2005 et 2006 à Marseille et Perpignan (sud). Les conducteurs, tous de nationalité marocaine, roulaient au volant de voitures haut de gamme. "Des gens bien sous tous rapports", "des connaisseurs" car les objets étaient "traités, lavés", a raconté jeudi en marge de la cérémonie Guy Jean-Baptiste, directeur régional des douanes de Marseille.
Il a fallu quinze ans pour les rendre au Maroc, le temps de dérouler les différentes procédures, notamment judiciaires. Des trafiquants ont d'ailleurs écopé d'amendes pour un montant total de 120.000 euros.
L'ensemble saisi était remarquable au niveau du volume, mais aussi de la typologie des objets, dont certains relevaient de la géologie ou d'autre témoignaient de "l'histoire des hommes qui ont précédé l'écriture", a exposé Xavier Delestre, conservateur régional de l'Archéologie à la Direction régionale des affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Parmi ces biens figurent un crâne de crocodile encore en partie dans sa gangue, des fossiles, des dents de poissons ou reptiles, ou des plaques gravées dont certaines datées du néolithique.
"C'est comme si on avait arraché des morceaux de grottes ornées en France", a comparé Xavier Delestre.
"C'est un moment historique parce qu'on peut rapatrier ce patrimoine pour retrouver sa terre natale", a salué Youssef Khiara, directeur national du patrimoine marocain.
"L'événement de 2005 a enclenché un processus au Maroc", a-t-il ajouté. Depuis, les autorités marocaines ont notamment formé la douane, les magistrats, afin d'avoir des "ressources humaines qualifiées pour faire face à ce fléau".
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La question du pillage archéologique est un phénomène mondial "qui prend de l'ampleur ces dernières années à cause des conflits qu'on a connus autour de la Méditerranée. On a une recrudescence de ventes illégales qui sont favorisées aussi par les réseaux sociaux, les sites de vente en ligne", a expliqué Xavier Deslestre.
Et ce trafic peut aussi être "potentiellement une source de financement du terrorisme", a poursuivi Guy Jean-Baptiste.
Tous ont souligné l'importance de sensibiliser le public à la conservation in situ de ces objets: sortis de leur contexte, ils deviennent des "cailloux sans valeur", inutilisables d'un point de vue scientifique.