Le festival Mawazine, rythmes du monde, ce n’est pas seulement de la musique mainstream et des stars mondiales. C’est également une occasion unique de découvrir des concerts plus intimistes et de la musique pour les puristes et les mélomanes en quête de pépites rares. Et c’est le site historique du Chellah à Rabat, qui à chaque édition de cette grand-messe des musiques du monde, accueille ces concerts en plein air durant lesquels de belles voix se mêlent au son des oiseaux et au bruit du vent.
Pour ce cru 2024, Saïd Assadi, directeur artistique du label Accords Croisés a concocté une programmation autour du thème «Voix de femmes». Elles seront huit à venir faire rayonner leurs voix, venues de tous les continents: Macha Gharibian (Arménie), Cuarteto Tafi (Argentine), Tania Saleh (Liban), Aïda Nosrat (Iran), Dafné Kritharas (Grèce), Agathe Iraceme (Brésil), Awa Ly (Sénégal), et Cigdem Aslan (Kurdistan turc).
«Parce qu’elles ont leur sensibilité propre, parce qu’elles sont porteuses d’une détermination sans faille, parce qu’elles ont un point de vue qu’un homme n’aura jamais sur l’avènement de la vie, les femmes éclairent et racontent notre monde avec une poésie et une force qui n’appartiennent qu’à elles», déclare celui qui assure la direction artistique de la scène du Chellah.
C’est la franco-arménienne Macha Gharibian qui a ouvert le bal hier samedi 22 juin. Révélation des Victoires du Jazz en 2020, l’artiste a proposé un concert au carrefour de ses nombreux héritages. Pianiste au toucher délicat, de formation classique, chanteuse, auteure, compositrice, arrangeuse et réalisatrice de ses propres albums, Macha Gharibian a créé un univers singulier en mêlant son expérience américaine du jazz aux empreintes de ses cultures ancestrales.
Aujourd’hui, dimanche 23 juin, à partir de 17h30, les festivaliers auront rendez-vous avec le Cuarteto Tafi. En quatre albums, cette formation a su imposer sa signature: un quartet de caractère réuni autour d’une musique du monde où tradition et contemporanéité se mêlent sans peine. Il nous offre une rencontre décomplexée entre salsa, flamenco, rebetiko, milonga, chacarera et sonorités électroniques: unique en son genre, il décloisonne les styles, s’affranchit des frontières.
Demain lundi 24 juin, ce sera autour de la chanteuse libanaise Tania Saleh de monter sur la scène du Chellah. Cette artiste pluridisciplinaire est l’une des pionnières de la scène musicale arabe indépendante. Depuis ses débuts en 1997, elle a expérimenté différents modes d’expression et de styles pour donner naissance à une œuvre originale et intemporelle. Elle a publié 7 albums (5 en studio et 2 en live). Elle fera écouter au grand public l’une des chansons de son prochain album qui sera dans les bacs fin 2024.
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Mardi 25 juin, le projet Common Routes dévoilera à son tour ses toutes dernières créations. Inspiré par les récits nomades et par l’exil, le projet Common Routes explore les horizons musicaux du monde manouche pour offrir un témoignage poignant sur l’exil. Avec le récit partagé de voyages et d’histoires transfrontalières, ce collectif capture l’essence du mouvement, de l’errance, de l’évasion et de l’expérience de l’exil. Ce projet musical résonne avec les tumultes historiques, évoquant les fracas des crises passées, particulièrement celle des années 1930, qui trouve un écho troublant dans l’actuelle tourmente mondiale.
Dafné Kritharas se produira quant à elle le mercredi 26 juin. Tour à tour voix de velours et puissante, émouvante et habitée, l’artiste pare son timbre vocal de tous les sentiments, exaltant les chants de l’exil, de l’amour, du manque ou de la joie. Grecques, turques, judéo-espagnoles, bosniaques ou arméniennes, ses inspirations évoquent une Méditerranée tourmentée, pourtant aire de cohabitation apaisée pendant quatre siècles sous l’empire ottoman. D’un père grec et d’une mère française, Dafné Kritharas révèle par ses chansons oubliées et ses compositions inédites, entre folk, jazz et lyrisme, l’âme de la Grèce et les remous de la mer Égée.
Le jeudi 27 juin, Agathe Iracema & Leonard Montana Duo: deux artistes brésiliens forts d’une belle complicité interprètent avec subtilité des standards de jazz. Le duo –la première est une chanteuse aguerrie au jazz, le deuxième un pianiste d’exception riche des multiples cultures qu’il a côtoyées– réunit ses expériences artistiques pour nous offrir une ode à la vie, à la joie, à l’amour. Magiciens de l’instant, ils conjuguent intensité et sincérité pour redonner vie à ces impérissables standards.
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Awa Ly et Arshid Azary Trio seront sur la scène du Chellah vendredi 28 juin à 17h30. Les vibrations soufies de la chanteuse d’origine sénégalaise Awa Ly, solaire, rencontrent la transe verticale d’Arshid Azarine et son trio de jazz persan avec Habib Meftah et Hervé de Ratuld. S’affranchissant de leurs origines géographiques, ils se retrouvent autour d’une transe commune, de vibrations partagées, d’une même quête avec pour trait d’union la philosophie soufie. Du Sénégal à l’Iran, les frontières tombent.
Enfin, la clôture, samedi 29 juin, se fera avec le concert de Çiğdem Aslan. Issue d’un milieu kurde alévi, où la musique est l’un des éléments pilier de la culture, et née à Istanbul, Çiğdem Aslan a grandi avec les riches sonorités de son pays, avant de rencontrer progressivement celles d’ailleurs, le rebetiko, la musique séfarade et d’autres musiques ethniques de Turquie. Installée à Londres, elle a depuis développé une carrière internationale et sorti deux albums. À l’image du blues ou du fado, sa musique véhicule dans son sillage l’émoi et l’imaginaire de sa terre natale.