Est-ce en souvenir de cette mère trop tôt disparue, que Deborah Benzaquen s'est d'abord attaquée à la photographie -en autodidacte- par le biais de portraits de personnages aux marqueurs "modeux underground" évidents? On se souvient fortement de son accompagnement, en tant que portraitiste, quasi-officielle, de cette figure, haute en couleurs, de feu la Nayda casablancaise, qu'était Amine Bendriouich -celui-là même devenu, aujourd'hui, l'égérie et alter ego du pape du Pop'art marocain, Hassan Hajjaj.
Depuis quelques années déjà, nous avons pu constater une nette et belle évolution du regard porté sur le monde par Deborah Benzaquen. Sans pour autant se délester de son penchant pour une certaine esthétique transgressive -dans le sens "dans le coup"-, ce regard-là, porté sur des personnes-sujets de condition souvent modeste, s'est chargé d'une réelle poésie. Une poésie humaniste, bienveillante. Loin de tout voyeurisme, misérabilisme et autre exotisme de pacotille.
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Parmi les différentes pistes qu'explore, actuellement, celle que nous considérons, désormais, comme une des cinq meilleurs photographes auteurs marocains de l'heure, celle des rapports troubles que créent en nous le phénomène, pourtant naturel, de la gémellité. Il vous reste encore une semaine pour aller apprécier son travail sur la question, délicatement intitulé Les Inséparables.
Dar El Bachar. Marrakech. Jusqu'au 21 avril 2019.