Majida Khattari expose "A la lumière des corps" à l'Atelier 21

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L’artiste Majida Khattari exposera ses œuvres récentes, à partir du 24 septembre jusqu'au 5 novembre 2019, à la galerie d’art L’Atelier 21 à Casablanca. Son médium: la photographie, pour ses mises en scène et ses performances.

Le 20/09/2019 à 13h48

Rarement la théâtralité aura été autant au centre de la démarche artistique de Majida Khattari comme elle l'est dans cette nouvelle exposition, dont le commissariat est assuré par l’écrivain, essayiste et dramaturge Rachid Benzine. En effet, les prises de vue et les décors ont été réalisés au théâtre du Manège-scène nationale de Maubeuge (dans la région des Hauts-de-France).

Majida Khattari, qui a fait de la mise en scène la marque patente de ses somptueuses photographies, a cette fois-ci choisi un théâtre, doté d’une immense scène, pour s’exprimer avec liberté, tout en enracinant ses œuvres dans le cadre qui détermine, en quelque sorte, leur ADN esthétique.

Rachid Benzine parle à cet égard dans la préface du catalogue de cette exposition de «mise en abyme». Et de préciser: «ici, nul besoin, comme au théâtre, de parole: la représentation remplace le texte. Il suffit simplement de regarder l’agencement bien précis des corps et des éléments de décor, qui semble nous emmener dans un monde onirique, mais qui, quand on le regarde de plus près, est bien plus tragique».

Dans ses œuvres photographiques, Majida Khattari revisite et recrée les clichés qui dominent la peinture orientaliste. En reconstituant des décors inspirés de célèbres compositions orientalistes, l'artiste «contemporanise» ses personnages en les dotant d’un statut incertain qui tient à la fois du fantasme et de la réalité photographique.

Rachid Benzine évoque son travail en ses termes: «dans la composition très minutieuse de ces photos, il y a la recomposition de la vie, le désir de rassembler les bouts éparpillés d’existences éclatées et salies, et de les faire passer de l’ombre de la douleur à la lumière de la renaissance. Les clairs-obscurs, les jeux de lumière, la tragédie qui côtoie la beauté: oui, il y a bien quelque chose de consolant dans ces tableaux». Il est vrai que Majida Khattari fait partie de ces rares artistes contemporains qui placent la notion du beau au centre de leur démarche esthétique. Le résultat est époustouflant de beauté, de sérénité et de mystère, qui plongent le spectateur dans un univers à part, où la beauté rend moins douloureuse l’acuité du tragique.

Née en 1966 à Erfoud, Majida Khattari est issue de l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca et de celle de Paris. Depuis 1996, elle crée des défilés-performances inspirés de la situation des femmes dans les sociétés arabes. Elle met en scène des modèles qui portent des Vêtements-Sculptures traitant du statut de la femme mais se référant également à l’actualité politique contemporaine, aux questions de laïcité et de religion. Elle scénarise ses performances et fait aussi appel au chant, à la musique et à la danse.

En parallèle, Majida Khattari réalise des photographies, des installations, des vidéos et des films. Elle est considérée comme l’une des artistes qui décodent avec le moins de concessions le regard de l’Occident sur l’Orient.

L’artiste vit et travaille à Paris.

Par Khalil Ibrahimi
Le 20/09/2019 à 13h48