A cette occasion, Ben Jelloun a souligné que "l'immigration en tant que telle n'est pas un problème", mais "ce qui pose réellement problème c'est la manière dont l'immigration est perçue et utilisée dans les campagnes électorales pour faire peur aux gens" notamment en Europe.
"Il faut arrêter de parler d'une invasion de l'Europe par les migrants", a-t-il insisté, mettant l'accent sur la nécessité de faire preuve de vigilance face aux préjugés et aux confusions liés à l'immigration, qui suscitent la haine et la xénophobie et profitent aux mouvements populistes et nationalistes.
L’intellectuel marocain a ainsi mis en garde contre l'amalgame entre immigration et terrorisme dont le résultat inéluctable est la montée des discours racistes et islamophobes.
La radicalisation des jeunes est "un cancer qui a contaminé tous les pays", a déploré Ben Jelloun, soulignant la nécessité de mettre en place des modèles religieux prônant la tolérance et la modération comme c'est le cas au Maroc, afin de lutter contre la propagande extrémiste et les idées obscurantistes.
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Lors de cette conférence, modérée par la journaliste belgo-marocaine Nadia Dala, et à laquelle ont assisté des personnalités de divers horizons, l'écrivain marocain a mis l'accent sur l'impératif de distinguer entre les différents types de migrants: réfugiés, immigrés économiques, migrants clandestins...afin de mieux cerner la problématique migratoire et de lutter contre l'instrumentalisation de l'immigration à des fins politiques.
S'agissant de l'immigration illégale, Ben Jelloun a relevé que le règlement de cette question doit se faire en amont, en traitant les causes profondes de la migration, et ce à travers notamment le renforcement du développement économique et social des pays d'origine des migrants.
Il a, de même, appelé les pays d'origine, de transit et de destination à coordonner leurs efforts afin de lutter efficacement contre les réseaux de passeurs et de traite des êtres humains.
Ben Jelloun a, par ailleurs, plaidé pour une solidarité européenne en matière migratoire, relevant que les pays du vieux continent doivent surmonter leurs divergences sur cette question afin de parvenir à des solutions concrètes et durables.
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Intervenant à l'ouverture de cette conférence-débat, l’ambassadeur du Maroc en Belgique et au Grand Duché du Luxembourg, Mohamed Ameur, a indiqué que cette rencontre s’inscrit dans le cadre d'un cycle de conférences initié par l’ambassade, depuis l’année dernière, pour mettre la lumière sur les acquis et réalisations du Maroc dans différents domaines.
Le choix de l'immigration comme thématique pour cette rencontre revêt une grande importance, a-t-il souligné, vu la place centrale qu'occupe cette question à l'échelle internationale et l'enjeu politique de taille qu'elle représente dans de nombreux pays.
Ameur a, par ailleurs, mis en exergue la dimension humaniste de la politique migratoire du Maroc qui a permis de régulariser la situation de plus de 50.000 migrants, notant que le Royaume est devenu de plus en plus "un pays d'accueil des migrants" plutôt que d'origine et de transit.
Cette conférence-débat, qui a eu lieu au prestigieux Cercle Royal Gaulois Artistique et Littéraire de Bruxelles, a été marquée par la présence de chercheurs, de journalistes, de diplomates, d'acteurs politiques et de plusieurs membres de la communauté marocaine en Belgique.