Ibn Batouta et Hercule, deux grandes figures de Tanger. Quoi de plus normal que des acteurs associatifs de la ville demandent à ce que ces deux personnages soient dressés sur un socle pour souhaiter la bienvenue aux visiteurs, à l’entrée de la ville du détroit. Le maire de la ville, Bachir Abdellaoui, ne s’oppose pas à cette idée, mais il veut d’abord la soumettre à l’approbation du Conseil des Oulémas. «La demande a été formulée et envoyée au Conseil des Oulémas pour avis», a déclaré le président du conseil de la ville de Tanger, mardi 18 avril, en marge d’une conférence sur la responsabilité des médias dans la préservation du patrimoine culturel. Le maire serait en attente d’une réponse de l’institution religieuse.
Une question s’impose alors tout naturellement: pourquoi Bachir Abdellaoui souhaite-t-il donc impliquer les Oulémas dans la réalisation de deux œuvres d’art ? Il est évident que le maire Pijidiste confond l’interdit dans Le Coran de vénérer des idoles et l’érection de sculptures à des fins artistiques et non pas religieuses. D’ailleurs, il ne s’en cache pas. Durant la conférence, le maire a laissé entendre qu’il avait justement pris la décision de consulter les Oulémas pour éviter toute polémique.
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Les Tangérois ont déjà un précédent avec la démolition de statues de personnages historiques, celle de Ali Bey, roi de la Tunisie Ottomane à la fin du 18ème siècle, érigée à Tanger dans la région appelée Terre d’Etat. Elle aurait été détruite en 1930.
Contactée par le360, une source au sein de la délégation du Conseil des oulémas de Tanger avoue ne pas comprendre la requête du maire. «Exiger une fatwa pour autoriser la réalisation de sculptures, on n’en voit pas l’utilité. C’est comme si on nous demandait une Fatwa pour peindre une toile», tranche cette source. Les Oulémas sont vraisemblablement plus modérés que M. le maire.