Kamal Lazraq: «Pourquoi je préfère encore travailler avec des acteurs non-professionnels»

كمال الأزرق: أفضل التعامل مع ممثلين غير محترفين لأنهم الصفحة البيضاء التي أكتب عليها قصصي السينمائية

Kamal Lazraq, réalisateur marocain. (A.Gadrouz/Le360)

Le 14/12/2024 à 14h10

VidéoLe réalisateur marocain Kamal Lazraq, qui s’est fait remarquer avec son film «Les Meutes», partage son expérience cinématographique au Festival international du film de Marrakech, où il a participé à la fois dans la section des Ateliers de l’Atlas en 2019 et à la compétition officielle en 2023. Il y est revenu cette année pour transmettre son savoir-faire et discuter de son processus de création, marqué par ses castings sauvages.

Lors de la 21ème édition du Festival international du Film de Marrakech, le réalisateur marocain Kamal Lazraq est revenu sur son parcours, et notamment sur la genèse du film «Les meutes», prix du jury à Cannes 2023 dans la catégorie «Un certain regard» et prix du jury au FIFM 2023, au cours d’un entretien avec Le360.

C’est en 2019 qu’il présente le projet du film dans le cadre des Ateliers de l’Atlas, une expérience qu’il qualifie de décisive. «C’était la première fois que des professionnels lisaient notre scénario. Ils nous ont fait des retours précieux qui nous ont permis de construire le projet avec une meilleure perspective», explique-t-il. Et en 2023, «Les Meutes» a été projeté en avant-première au public marocain dans la compétition officielle du FIFM, marquant une étape importante dans sa carrière. «C’était une immense pression, mais aussi une fierté de montrer ce film pour la première fois au Maroc. Le retour du public a été une grande motivation pour continuer dans cette voie», ajoute le réalisateur.

Cette année, le réalisateur a participé au FIFM dans le cadre d’un échange sur la genèse du film, de l’écriture du scénario jusqu’à son succès dans les festivals internationaux, adin d’encourager les nouveaux talents et de «rendre un peu de ce que nous a donné ce festival».

Kamal Lazraq explique travailler avec des acteurs non-professionnels dans une quête d’authenticité. «Je peux partir d’une page blanche, construire le personnage avec eux. Cela crée une proximité avec l’histoire et un réalisme brut qui enrichit le film», partage-t-il.

Ce choix artistique, bien que risqué, s’est révélé payant pour «Les Meutes». Pour Lazraq, les non-professionnels offrent une spontanéité et une liberté qui contrastent avec les contraintes souvent rencontrées avec des acteurs professionnels. «Les professionnels viennent parfois avec des techniques et des habitudes qu’il faut déconstruire. Avec les non-professionnels, on travaille sur la simplicité et il y a une plus grande souplesse», raconte-t-il.

Actuellement, Kamal Lazraq prépare son deuxième long-métrage, tout en continuant à explorer le potentiel des acteurs amateurs. Toujours inspiré par des récits personnels, il affirme que son approche restera fidèle à son style. «Les multiples récompenses et les retours positifs me poussent à persévérer dans cette méthode de travail. Je veux rester dans cette dynamique», assure-t-il.

Kamal Lazraq espère que certains des talents découverts lors de son premier film pourront poursuivre leur chemin dans le cinéma. «Ils ont une véritable vocation. Si un réalisateur sait comment les accompagner, ils peuvent faire des merveilles», déclare-t-il. «Je n’hésiterai pas non plus à les convoquer pour un autre de mes projets s’ils correspondent aux rôles imaginés», promet-il.

Inspiré par des sujets propres à la société marocaine, son processus de création reste cependant ouvert. «Je ne choisis pas forcément de thèmes spécifiques. Les idées naissent souvent des expériences personnelles ou de récits qu’on partage avec moi, comme ce fut le cas pour mon acteur principal Ayoub Elaid. Cela donne une spontanéité à mes films», explique-t-il.

Dans sa recherche d’une esthétique sans artifices, Kamal Lazraq continue de tracer un chemin singulier dans le paysage cinématographique marocain. À travers son travail, il redéfinit les codes du cinéma national en offrant une tribune à des voix et des visages nouveaux.

Par Ghania Djebbar et Adil Gadrouz
Le 14/12/2024 à 14h10