Longtemps vues comme un tremplin vers les Oscars, les Golden Globes ont été minées par les scandales et l’érosion de leur audience ces dernières années. Dotées de nouveaux propriétaires et de nouveaux votants, ces récompenses cherchent à se relancer.
«Les (Golden) Globes ont pris un nouveau départ», assure à l’AFP leur producteur, Glenn Weiss. La cérémonie prévue dimanche 7 janvier à Beverly Hills, à partir de 17H00 (01H00 GMT), devrait largement honorer le phénomène «Barbenheimer», auteur d’une véritable razzia au box-office l’an passé. Rien qu’à eux deux, le film sur la poupée peroxydée et celui sur le père de la bombe atomique totalisent 17 nominations. «Ils sont tellement différents l’un de l’autre, et pourtant ils ont tous deux connu le succès», observe Glenn Weiss.
Réalisé par Greta Gerwig, «Barbie » profite de l’aura mondiale de la figurine en plastique pour livrer une satire acerbe sur la misogynie et mettre en lumière l’émancipation des femmes. Le film mène la danse avec 9 nominations et est notamment pressenti pour rafler le prix de la meilleure comédie et du meilleur scénario. Avec les plus grosses recettes en salles de l’année, il part également favori pour une nouvelle récompense créée pour honorer le succès au box-office.
«Oppenheimer», qui a également drainé les foules l’été dernier, compte lui huit nominations et semble bien parti pour le prix du meilleur film dramatique. Ce long-métrage, qui pourrait consacrer Christopher Nolan comme meilleur réalisateur, décortique la vie du scientifique, incarné par Cillian Murphy, chargé de mener les recherches américaines sur la bombe thermonucléaire à travers sa rivalité avec un puissant politicien sous les traits de Robert Downey Jr. Les deux comédiens sont de sérieux candidats pour le prix du meilleur acteur et celui du meilleur second rôle.
Mauvaise passe
Entièrement boycottés par le gratin hollywoodien et privés de diffusion télévisée en 2022, puis boudés par plusieurs célébrités l’an dernier, les Golden Globes souhaitent en finir avec leur mauvaise passe. L’association de la presse étrangère d’Hollywood (HFPA), à l’origine de ces récompenses et minée par les scandales de corruption et de racisme, a été dissoute.
La nouvelle organisation a largement diversifié le jury, en invitant des critiques issus du monde entier. Assez pour convaincre la chaîne américaine CBS de retransmettre la 81ème cérémonie dimanche. La présence, ou l’absence, des invités dira si Hollywood est réellement prêt à tourner la page.
Outre des poids-lourds du cinéma comme Leonardo DiCaprio («Killers of the Flower Moon»), les nominés comprennent des stars de la musique: Billie Eilish et Dua Lipa concourent pour la meilleure chanson et Taylor Swift est en lice avec son récent film-concert.
L’organisation espère un regain d’intérêt pour son tapis rouge, après la double grève des acteurs et des scénaristes qui a paralysé l’industrie pendant six mois. Privées de promotion pendant le mouvement social, de nombreuses stars pourraient vouloir rattraper le temps perdu et vanter leur film en vue des Oscars.
«Nous voulons que ce soit une grande fête d’ouverture de saison où tout le monde ressentira cette énergie», ambitionne Glenn Weiss. «Nous avons tous vécu des grèves ensemble. Nous sommes maintenant sortis de cette période.»
«Maestro» en embuscade
Outre le duo «Barbenheimer», «Maestro», de Bradley Cooper, se tient en embuscade. Avec ce biopic du chef d’orchestre et compositeur Leonard Bernstein, l’Américain peut prétendre au doublé meilleur réalisateur et meilleur acteur, ce qui serait une première.
La comédienne amérindienne Lily Gladstone convoite elle le prix de la meilleure actrice dans un film dramatique, grâce à son rôle dans «Killers of the Flower Moon». Une fresque historique où Martin Scorsese retrace le massacre d’une tribu par des spoliateurs blancs, qui compte sept nominations.
Côté comédies, c’est Emma Stone qui tient la corde pour cette récompense, avec son rôle de Frankenstein au féminin dans «Pauvres créatures», sacré meilleur film à la Mostra de Venise. Enfin, dans les catégories télévisées, la série dramatique «Succession», chronique des luttes de pouvoir au sein d’une famille à la tête d’un empire médiatique, et la comédie «The Bear», qui explore l’arrière-cuisine d’un restaurant de Chicago, partent favorites.