FIFM. Sean Penn, «artisan pragmatique», s’exprime sur l’engagement et le métier d’acteur

L’acteur et réalisateur américain Sean Penn, lors d'une conférence de presse tenue le 3 décembre 2024, en marge du Festival international du film de Marrakech. (A.Gadrouz/Le360)

Lors d’une conférence de presse tenue le 3 décembre à Marrakech, l’acteur et réalisateur américain Sean Penn s’est exprimé sur une variété de sujets, mêlant réflexions personnelles, expériences cinématographiques et engagements politiques et sociaux. Ses propos, empreints d’humilité et de profondeur, ont dressé le portrait d’un artiste à la fois lucide et engagé.

Le 05/12/2024 à 12h33

Lors de la conférence de presse tenue en marge du 21ᵉ Festival International du Film de Marrakech (FIFM), Sean Penn, acteur et réalisateur américain, n’a pas tari d’éloges sur l’événement marrakchi, saluant son évolution et la «qualité et diversité de sa sélection» des films présentés cette année en compétition officielle.

Répondant, cigarette au bec, aux questions des médias, l’acteur s’est d’abord confié sur ses engagements et ses prises de position politiques en dehors des plateaux de tournage. Refusant les étiquettes d’«activiste» ou de «militant», il s’est décrit comme un «artisan pragmatique», «tel un plombier, quelqu’un qui perçoit un besoin et tente de le résoudre». En utilisant la même métaphore pour aborder les tensions actuelles dans le monde, il a appelé à dépasser la simple critique. «Si l’on se concentre uniquement sur les fuites, on risque de rater toute la tuyauterie. Nous devons avancer, créer, et trouver un équilibre malgré les incertitudes», a-t-il expliqué.

«Un patriote en crise»

Plutôt que de se considérer comme un «représentant» ou un «porte-parole» de son pays, Sean Penn se définit comme «un patriote, mais un patriote en crise», évoquant les questionnements identitaires qui traversent de nombreuses nations, y compris la sienne. «Lorsqu’on avait demandé à Brendan Behan (écrivain et dramaturge irlandais, NDLR) s’il envisageait de faire de la politique, il avait répondu par la négative, expliquant qu’il n’avait qu’un seul visage. Je tiens également au mien», a-t-il ajouté avec une pointe d’ironie. «Je ne prétends détenir le savoir absolu, mais je me lève chaque jour en essayant de faire de mon mieux», a-t-il nuancé.

Après quelques flèches décochés en direction des réseaux sociaux, ces plateformes «qui nous poussent à construire une fausse image de nous-mêmes et qui nous détournent de nos véritables passions et objectifs», Sean Penn parle enfin cinéma. Il a notamment évoqué sa méthode de travail en tant qu’acteur, soulignant l’importance de la collaboration avec le réalisateur, dont la vision influence inévitablement chaque rôle.

Il a pris pour exemple son travail avec Clint Eastwood sur l’acclamé «Mystic River» (2003), décrivant la passion de ce dernier pour l’improvisation et comparant son style de direction à un concert de jazz. «Cela demande une préparation rigoureuse, car la première prise devient l’exploration principale. Peu importe ce qui vient après», a-t-il précisé.

Sean Penn a enfin partagé son avis sur le cinéma marocain, notamment sur le documentaire «La Mère de tous les mensonges», d’Asmae El Moudir, lauréat de l’Étoile d’or de la précédente édition du FIFM. «C’est un projet magnifique, tant par son contenu historique et politique que par sa qualité cinématographique. Ce type d’œuvre montre à quel point le cinéma peut marier profondeur narrative et esthétique visuelle», a-t-il conclu.

Par Ryme Bousfiha
Le 05/12/2024 à 12h33