Je suis le maître de mon destin, je suis le capitaine de mon âme
Le festival des musiques sacrées de Fès, qui fête cette année ses 20 ans, touche à sa fin. Samedi 21 marquera en effet la clôture de ce grand événement culturel qui met un point d’honneur à rendre hommage à la philosophie et l’ouverture d’une culture musulmane riche de poésie et de traditions artistiques. La musique soufie déploie ainsi, chaque année, son souffle insensé dans la ville mystique, rappelant à chacun la beauté et la force d’une religion aujourd’hui par trop galvaudée de par le monde et de plus en plus méconnue, manifestement, défigurée qu’elle est souvent par ceux mêmes qui se réclament d’elle. Rappelant aussi à quel point la Maroc est au carrefour de mondes qui font intimement partie de lui. Et c’est tout un patrimoine immatériel qui prend vie là dans toute la splendeur de sa diversité, un patrimoine qui fait le lien entre les hommes et les ramène à eux-mêmes par-delà toute conception limite de l’identité. Les transporte vers des terres lointaines, aussi, devenues ce faisant étonnamment proches, familières. La belle capitale de Fès se fait plus que jamais, pour l’occasion, capitale culturelle et spirituelle.
L’un des grands moments de ce festival a sans doute été celui de l’hommage rendu par Youssou N’dour et Johnny Clegg à Nelson Mandela, dimanche 15 juin, le jour où la famille de la plus grande figure de la lutte anti-apartheid annonçait la fin de la période officielle de deuil. Les deux artistes ont en effet honoré la mémoire, qui restera vive, de ce grand défenseur de la justice, de la dignité et des droits civiques. Un hommage en musique qui s’ouvrira d’abord sur une invite au recueillement avec la lecture de ce poème qui accompagnera Nelson Mandela en prison et nourrira son courage, tenace, un courage qui, dira-t-il, « n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre ». Le poème Invictus de William Ernest Henley. Un grand moment d’émotion avant l’entrée sur scène du Zoulou blanc, un artiste engagé dans la lutte pour l’égalité de droits et qui revendique son identité africaine et sa richesse. Et Dar Makina a vibré sur ce véritable hymne à l’amour et à la liberté, Asimbonanga, connu de tous. « Merci pour cet hommage à un grand homme qui a joué un rôle important dans ma vie et dans celle du monde », dira en français au public du festival des musiques sacrées Johnny Clegg, ému, qui viendra encore rejoindre sur scène Youssou N’dour pour chanter avec lui « Nelson Mandela », un titre signé par le chanteur sénégalais dont, d’ailleurs l’un des enfants a été baptisé Ibrahima Nelson Mandela.Leila Shahid, très présente sur la scène culturelle marocaine qu’elle apprécie particulièrement, a assisté à ce très bel hommage: “Cette musique extraordinaire, c’est le plus bel hommage, et c’est très beau aussi de le rendre dans un pays dont « les racines sont en Afrique et le feuillage en Europe », comme le disait Hassan II », a-t-elle ainsi confié dans une declaration à l’AFP.