Fatoumatou Diawara: La voix hypnotique de l'Afrique à Mawazine

DiaporamaElle a une voix qui vous prend dans la chair, vous traverse d'un souffle exhalé par des terres africaines dont les racines s'animent pour faire parler leurs mémoires, leurs blessures, leur éclatante fierté par-delà les blessures. Un concert hypnotique, vendredi soir, sur la scène du Bouregreg.

Le 07/06/2014 à 21h16

Un concert d'une prenante beauté. Beauté de la diva malienne et de ses chansons où le jazz et la funk viennent se mêler aux tremblées bluesy de la tradition Wassalou. Beauté d'une voix et d'une musicienne qui déroute les temps.  . Brahim Taougar - Le360

On l’appelle affectueusement Fatou. Elle compose, elle écrit, elle chante comme si elle portait en elle tout l'humus de l'Afrique et la force des mémoires qu'il charrie. Fatoumata Diawara était, vendredi soir, sur la scène Mawazine du Bouregreg pour une plongée vertigineuse au plus profond du cœur battant d’une terre d’Afrique qui coule dans ses veines et dont elle danse les rythmes des mémoires depuis sa plus tendre enfance. Le talent de la jeune malienne, née en 1982 en Côte d’Ivoire, fascine dajà lorsque, petite fille, elle convoque ses ancêtres du Mali en dansant, dans la troupe de son père, la danse didadi de Wassoulou. Et sa grâce et sa puissance sont déjà époustouflantes.

Séparée de ses parents durant une dizaine d’années, qu’elle passera auprès de sa tante, actrice, la jeune Fatou fréquente les plateaux de cinéma et ne tarde pas à attirer, sa beauté ne passant pas inaperçue, l’attention d’un metteur en scène. Commence alors l’aventure de Fatoumatou Diawara au cinéma. A dix-huit ans, elle se rend à Paris pour jouer Antigone, au théâtre, et entreprend une tournée avec la troupe du metteur en scène Kouyaké avant de rentrer, en 2001, au Mali. Là, Fatou devient Sia, une figure africaine légendaire, après le succès fulgurant du film éponyme.

Bientôt, le conte de fée tourne à la tragédie. Contrainte par sa famille de se marier, Fatoumatou Diawara annonce, dans les médias, la fin de sa carrière d’actrice. Mais la passion est toujours là, qui la dévore, et lorsque le directeur de la compagnie Royal de Luxe lui propose un rôle, en 2002, dans une pièce de théâtre, la jeune femme décide de s’enfuir. Elle parcourt alors le monde avec la compagnie dont le directeur l’encouragera à chanter sur scène pour l’avoir entendue fredonner dans sa loge, comme elle le fait souvent. Une nouvelle aventure commence. Accompagnée de sa guitare, l’artiste a bouleversé le public du Bouregreg, saisi par sa voix qui fend les airs comme un écho venu de loin. Une voix qui vous prend dans la chair, vous traverse d'un souffle exhalé par des terres africaines dont les racines s'animent en elle pour faire parler leurs mémoires, leurs blessures, leur éclatante fierté par-delà les blessures. 

Par Bouthaina Azami
Le 07/06/2014 à 21h16