Exclusivité-Le360. EP7. Les bonnes feuilles de «Cloud cowboys», nouveau roman de Hicham Lasri

Hicham Lasri.

L’artiste et écrivain Hicham Lasri fait un retour remarqué avec son nouveau roman, «Cloud Cowboys». Il y dépeint avec intensité et force sa vision d’un monde au bord du gouffre, où l’espoir est le dernier refuge. En exclusivité, Le360 en publie des extraits sous forme d’épisodes.

Le 09/08/2025 à 10h25

«Cloud Cowboys», le nouveau roman d’Hicham Lasri, raconte l’agonie d’un monde en ruine. Fable arabo-futuriste à la croisée de Mad Max et du mythe, ce récit haletant met en scène un univers où l’espoir, encore plus que l’eau, devient la ressource la plus précieuse.

La famille Vallenari, derniers «Cloud Cowboys», dérive au-dessus des terres mortes à bord de la Beatle, machine colossale conçue pour capturer la pluie. Leur quotidien déjà précaire bascule lorsqu’un nuage contaminé s’écrase à proximité, libérant une toxine mystérieuse et mortelle.

Mais lui, Sami Vallenari, l’écoute comme on s’injecte du poison à petite dose dans les yeux pour augmenter son immunité. Immonde. Pulsion scopique basique. Ce qu’il aimait avant, c’était quand Basta réussissait à pirater les Bornes et injectait des informations abrasives, subversives, compulsives pour pousser une population hébétée à être aussi assoiffée de liberté que d’eau.

Le Kompromat de Basta le Harki a plongé Sami Vallenari dans une tristesse dégoulinante qu’il a eu du mal à faire sécher. Gluant. Il a souffert des eaux affamées comme une rivière dépouillée de son sable. Il veut regarder l’avenir, mais le progrès est une idée dépassée. C’est quoi ce progrès? Le progrès, ce sont des strings de Nora avec du caca sur la ficelle. Beurk! Le manque d’eau a modifié la perception par rapport à la pudeur. Le puritanisme a besoin d’eau pour s’épanouir. Logique. Torpeur.

Tout le monde fait ses besoins où il peut maintenant que l’eau est optionnelle et que le papier a été interdit, comme le bois, et que la nature n’a plus en elle un seul feuillage hivernal pleuré par les arbres que les clochards et les écolos d’antan utilisaient pour se torcher… Qui va jouer les prudes pour du caca sur un string? Rhétorique. Sami Vallenari est rentré chez lui par une autre piste en creusant un autre sillon. Le Jet-Ski est au bord du burn-out.

Mais Sami arrive chez lui paisiblement, ne laissant sur son sillage qu’un nuage de poussière oblitéré par la soufflerie du Jet-Ski. Looney Tunes. Sami contemple cette montagne qui lui fait face, La Beatle est à la fois sa maison, sa carapace, un engin monstrueux que le monde entier jalouse 39 cloud cowboys à son père, mais aussi une usine qu’il est le seul à garder avec sa sœur. C’est l’ultime Monster Truck. Gigantisme.

Il n’a jamais vu les chenilles de la bête rouler, ça doit être un spectacle impressionnant. Une montagne sur chenilles qui tire un Tapis de nuages. Épique. À côté, il y a une grange, c’est le lieu du commerce familial et clandestin de pièces de rechange qui les a fait vivre depuis que Papa Vallenari a décidé que la Beatle ne bougerait plus. Moonshiners. Quand il baisse les yeux, il trouve Nora Vallenari, minuscule silhouette qui se découpe contre l’encadrement de la porte exiguë qui ressemble à l’accès de la maison de Jerry la souris.

Par La Rédaction
Le 09/08/2025 à 10h25