Boujloud est l’une des traditions ancestrales marocaines les plus populaires. Ce sont des festivités qui revêtent les ruelles d’Imintanoute d’une atmosphère électrique, où les costumes reprennent vie dans une danse millénaire.
Organisée chaque année en marge des célébrations de Aïd Al-Adha, la parade de Boujloud est une célébration de l’identité marocaine et de ses valeurs de solidarité et de fraternité. Mourad Bouimezgane, membre de l’équipe organisatrice de ce défilé à Imintanoute, souligne, pour Le360, l’importance de cet événement: «Boujloud est une tradition ancestrale qui relève du patrimoine culturel. C’est aussi le symbole du vivre-ensemble marocain. Nous sommes les gardiens d’une tradition qui rassemble tout le monde, peu importe l’âge ou l’origine. C’est notre responsabilité de la faire vivre.» Autour de lui, jeunes et moins jeunes travaillent ensemble, préparant les costumes et les masques qui vont bientôt prendre vie dans les rues.
Peu à peu, les festivaliers se rassemblent, drapés dans des costumes de peau ornés de motifs traditionnels. Hicham Ben Abdallah, un visage familier de la parade depuis des années, se prépare à son rituel annuel. «C’est ici que je retrouve mon âme d’enfant, et que je me reconnecte avec mes racines», confie-t-il en ajustant son masque. Malgré les coûts, sa passion est palpable: «Participer à Boujloud, c’est partager une passion commune. Malgré un coût significatif, entre 2.500 et 3.000 dirhams le costume, voire plus, cela vaut la peine car cela nous permet de nous retrouver entre amis, de renouer avec ceux qui ont quitté la région.»
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Les tambours donnent le rythme des festivités, guidant la parade à travers les rues étroites. Les spectateurs, locaux et touristes, sont captivés par le défilé des masques. Fatima Ikran, une habitante, exprime ce sentiment: «Perpétuer cette tradition est essentiel pour nous. C’est une occasion de nous réunir et de célébrer ensemble ce jour, renforçant notre lien avec la culture et entre nous.»
Quand les jeunes perpétuent cette tradition
Dans une déclaration à la MAP, Mohamed Akdim, chercheur en patrimoine et culture locale, explique que les études historiques et anthropologiques font remonter cette tradition de Boujloud, telle que célébré chaque année dans la région, à la période antéislamique au Maroc.
Il s’agit d’une tradition qui reflète un mélange de danses et de rituels à forte charge culturelle et civilisationnelle, inhérente aux groupes humains locaux, à ceux installés aux alentours d’Imintanoute ou encore des personnes ayant transité, à travers l’histoire, via cette ville. «C’est ainsi que dans le cérémonial de Boujloud, on observe une forte présence de la femme, ou encore de la danse Ahouach et des Rwayess, propre à Imintanoute, de la danse Taskiwine des tribus installées dans les montagnes limitrophes, de la danse Ahiyad de la région de Haha, de la danse sahraouie des tribus Ouled Bou Sbaa installées dans les environs, etc. On y trouve également une véritable influence de la culture juive, étant donné que cette ville a connu, à travers l’histoire, une forte présence de juifs jusqu’aux années 60», précise-t-il.
D’après lui, Imintanoute reflète l’ensemble de ces cultures, désormais, portées par les jeunes de la région, ce qui illustre une certaine synergie, cohésion et enrichissement mutuel d’un point de vue culturel, artistique voire même humain dans la région, avec à la clé cet esprit d’ouverture, de dialogue, de partage et d’échange avec autrui qui caractérise les habitants de la ville.