Cinq nouvelles figures intellectuelles dont Tahar Ben Jelloun intronisées à l’Académie du Royaume du Maroc

De gauche à droite: Tahar Ben Jelloun, Abdelahad Sebti, Yadh Ben Achour, Henry Laurens et Jérôme Clément. (Y.Mannan/Le360)

Le 26/09/2025 à 18h23

VidéoDans une cérémonie solennelle à Rabat, l’Académie du Royaume du Maroc a accueilli cinq nouveaux membres permanents, parmi lesquels l’écrivain Tahar Ben Jelloun, prix Goncourt 1987. Aux côtés de l’auteur de La Nuit sacrée, des personnalités françaises, tunisiennes et marocaines ont rejoint cette prestigieuse institution, chacune apportant sa voix aux grands débats intellectuels et humanistes de notre temps.

L’Académie du Royaume du Maroc a accueilli, vendredi à Rabat, cinq nouvelles figures éminentes du monde intellectuel et académique. Parmi elles, l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun, prix Goncourt 1987, désormais membre permanent de cette prestigieuse institution du savoir.

La cérémonie d’intronisation, présidée par le secrétaire perpétuel de l’Académie, Abdeljalil Lahjomri, s’est déroulée en présence de plusieurs académiciens et diplomates, dont l’ambassadeur de France à Rabat, Christophe Lecourtier. Aux côtés de Tahar Ben Jelloun, ont également été reçus l’intellectuel français Jérôme Clément, fondateur de la chaîne ARTE, Henry Laurent, ancien professeur au Collège de France, le constitutionnaliste tunisien Yadh Ben Achour et l’historien marocain Abdelahad Sebti.

Chacun des nouveaux membres a présenté une communication illustrant ses travaux de réflexion. Tahar Ben Jelloun a choisi le thème «Pourquoi avons-nous besoin d’écrire?», où il a rappelé les richesses culturelles du Maroc, tout en soulignant la nécessité de faire face aux défis sociétaux avec lucidité et espoir.

«Nous avons une chance inouïe d’appartenir à ce pays riche de toute sa culture (…), un pays jamais défaitiste face aux problèmes», a-t-il déclaré, avant de rendre hommage à de grandes voix de la littérature marocaine d’expression française comme Mohamed Khair-Eddine, Abdelkébir Khatibi, Driss Chraïbi ou Abdellatif Laâbi.

De son côté, Jérôme Clément a axé son intervention sur «La culture et les crises», tandis qu’Henry Laurent a développé le thème de «L’orientalisme, connaissance de l’autre et interrogation sur soi-même». Yadh Ben Achour a plaidé «Pour un fondement universel de l’humanisme en réponse aux défis des temps actuels», et Abdelahad Sebti a interrogé «L’écriture de l’histoire et la problématisation du temps».

Dans son allocution, Tahar Ben Jelloun a également eu une pensée pour son ami Boualem Sansal, écrivain franco-algérien aujourd’hui emprisonné en Algérie, rappelant que ce dernier «a été arbitrairement privé de sa liberté pour avoir simplement évoqué les frontières maroco-algériennes et la question de Tindouf».

L’écrivain a enfin exhorté ses concitoyens à renouer avec la lecture: «C’est dommage, on lit encore peu aujourd’hui», a-t-il regretté, avant d’exprimer sa gratitude envers l’Académie pour l’avoir intégré à ce lieu de rayonnement intellectuel et de transmission du savoir.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 26/09/2025 à 18h23