L’artiste plasticienne Najia Mehadji investit pour la troisième fois la galerie d’art L’Atelier 21 à Casablanca, du 7 décembre 2021 au 8 janvier 2022, pour une exposition intitulée Ligne de vie.
Comme l’exprime l’écrivain et curateur Morad Montazami, directeur de Zamân Books & Curating, dans le texte de l’exposition, «Najia Mehadji: une vie dans les plis»: «regarder une peinture de Mehadji revient souvent à se sortir du leurre d’un regard soit disant «libre» et subjectif, pour s’immerger dans une déambulation psycho-visuelle qui pourrait s’apparenter au processus consistant à regarder un test de Rorschach ou un mandala tibétain: suivre du regard chaque ligne ou chaque jet, fidèlement et structurellement, comme dans un labyrinthe sans issue mais qui se suffit à lui-même de par la complexité de ses ramifications, pour atteindre une liberté supérieure à celle consistant à regarder n’importe où, en dehors des lignes».
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Morad Montazami poursuit dans son texte «s’il n’est pas calligraphique, l’art de Mehadji est cosmographique. Non seulement il se rattache profondément aux mouvements de l’air, aux tournoiements des astres, aux circonvolutions des nuages, mais il raconte à sa manière l’instant de la naissance universelle ; ou pour le dire autrement, comment la matière brute vient au monde, au-delà ou en-deçà de la domination (catastrophique) de l’homme sur la nature, pour en façonner notre perception –faire de nous des êtres qui voient les lignes dans lesquelles cette matière se déploie ou se creuse mais qui savent aussi voir entre les lignes».
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Et d’ajouter: «à la manière de certains moines ou maitres spirituels qui parviennent à percevoir, à force d’ascèse, tout un paysage dans un grain de riz, certaines des toiles «abstraites» de Mehadji semblent nous dévoiler des avalanches de neige, des chutes d’eau ou encore des ouragans et autres cyclones… ce qui lui donne une certaine affinité que ses œuvres plus anciennes avaient déjà démontré avec la poésie et la pensée de la métamorphose qui se développe aussi bien chez Ovide, Léonard de Vinci ou encore Paul Klee».
Najia Mehadji est née en 1950 à Paris. Elle est diplômée de l’Université Paris 1 Sorbonne, où elle a soutenu en 1973 son mémoire sur Paul Cézanne, et de l’École des Beaux-Arts de Paris. Dès les années 80, l’œuvre de Mehadji effectue une synthèse entre un art contemporain qui renouvelle la peinture et des éléments de l’art islamique tels que la coupole, le polygone, le floral, l’arabesque ou la calligraphie.
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Les œuvres de Najia Mehadji ont récemment été exposées dans une importante rétrospective, La trace et le souffle, au Musée d’Art Moderne de Céret, France (2018), et Al Musiqa à la Philarmonie de Paris, France (2018).
En 2019, la Fondation Al Mada lui a consacré une première rétrospective au Maroc se déroulant en deux volets: Le trait et la forme, 1985-2018 et Le flux et la danse, 2011-2018, respectivement à la Villa des Arts de Casablanca et de Rabat.
Ses œuvres font partie de nombreuses collections dont l’Institut du monde arabe (France), le Fonds National d’art contemporain de Paris (France), le Musée d’art moderne et contemporain du Centre Georges Pompidou (France), le Musée d’art moderne de Céret (France), le Musée des Beaux-Arts d’Amman (Jordanie) et le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (Maroc).
Najia Mehadji vit et travaille entre Paris et Essaouira.
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