Il s’appelle Amine Boudchar. Il est l’un des chefs d’orchestre et compositeurs qui ont su, en peu de temps, imposer une signature reconnaissable sur la scène musicale marocaine. À Marrakech, où il s’est produit dimanche dernier, son concert a confirmé ce qui fait désormais la force de son projet, une relation directe avec le public et une vision musicale qui refuse la facilité.
Sur scène, les morceaux connus servent de point d’ancrage. Très vite, l’orchestre les transforme, les étire, les enrichit. Le public reconnaît, puis redécouvre. C’est dans cet aller-retour permanent que Boudchart construit ses spectacles et affirme son identité.
Si ses concerts sont souvent associés à la relecture de chansons populaires, le compositeur insiste sur un point essentiel, la création reste au centre de son projet. «Je porte une attention particulière à la composition et à l’orchestration. Je m’inspire du patrimoine marocain, mais je cherche toujours à l’ouvrir à d’autres influences musicales», explique-t-il. Pour lui, il ne s’agit pas seulement de revisiter des œuvres existantes, mais de proposer une vision personnelle et de laisser une trace artistique identifiable.
Cette exigence se concrétise par un travail de fond sur ses propres compositions. À ce jour, dix pièces originales ont été écrites. Chacune d’elles renvoie à une région du Maroc, à une atmosphère, à une couleur sonore particulière. Certaines sont déjà disponibles sur les plateformes numériques. L’idée est claire, réunir l’ensemble de ces œuvres dans un album qui rend compte de la diversité musicale du pays et de la richesse de ses régions, souligne-t-il.
La scène constitue également un espace de transmission. Lors de son concert à Marrakech, Amine Boudchar a tenu à partager l’affiche avec de jeunes artistes. Rokaya Ahmed et Walid Nadi ont ainsi rejoint l’orchestre. «J’essaie toujours de donner leur chance à des talents émergents. Ces invitations peuvent représenter un véritable point de départ pour leurs projets personnels», confie-t-il. Un geste qu’il considère comme un soutien moral autant qu’artistique.
Amine Boudchar, dit Boudchart, lors d'un concert à Marrakech. (K.Sabbar/Le360)
À d’autres moments, ses concerts prennent une dimension différente grâce à la participation de figures confirmées de la chanson marocaine. À Fès, il a partagé la scène avec Simohamed Asri. À Casablanca, Hajib et Jaylann ont également pris part au spectacle. Ces collaborations traduisent, selon lui, la richesse du paysage musical national et l’importance de créer des passerelles entre générations.
Parmi les étapes marquantes de son parcours, sa participation au festival Mawazine reste un souvenir fort. Diriger un orchestre devant près de 200.000 personnes réunies à la scène Nahda demeure une expérience rare. «Se retrouver face à un public aussi nombreux, qui chante d’une seule voix, est quelque chose de difficile à décrire», raconte-t-il. Ce concert, qui a établi un record de fréquentation selon les organisateurs, a renforcé son envie de viser des projets de plus grande envergure. Après Mawazine, Carthage ou encore le Season of Riyadh, le chef d’orchestre affirme vouloir continuer à explorer de nouveaux horizons.
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Le renouvellement constant de ses spectacles fait partie intégrante de sa méthode de travail. Depuis le lancement du projet il y a trois ans et demi, l’évolution est visible. Les arrangements changent, les formats se transforment, de nouvelles idées apparaissent régulièrement. Amine Boudchar revendique ce refus de la répétition. Même au cœur des tournées, il continue de composer. «La dernière pièce interprétée lors du concert de Marrakech venait d’être finalisée récemment», note-t-il.
La tournée actuelle illustre enfin sa volonté d’aller à la rencontre de tous les publics. Après des concerts à Tétouan, Meknès et Marrakech, parfois dans des salles de taille modeste, mais très demandées, d’autres dates sont prévues à Rabat, Casablanca et Tanger. Le projet se poursuivra ensuite en Europe avec une première date en Allemagne, suivie de concerts en France et en Espagne. Des étapes sont également programmées dans les pays du Golfe après le mois de ramadan.







