A Stockholm où sont décernés chaque 10 décembre les Nobel de littérature, de sciences et d'économie, le faste des cérémonies sera terni par l'absence du facétieux lauréat du prix de littérature, Bob Dylan, qui s'est excusé en prétextant "d'autres engagements".
Depuis l'attribution du Prix le 14 octobre, l'auteur-compositeur-interprète de "Blowin' in the wind" a soufflé le chaud et le froid, accueillant d'abord les honneurs de l'Académie suédoise par un fracassant silence qui avait fait craindre jusqu'au refus pur et simple par le musicien de son Nobel.
"C'est impoli et arrogant", s'était emporté l'académicien Per Wästberg avant de se faire gourmander par la secrétaire perpétuelle de la vénérable institution, Sara Danius, fervente "dylanophile".
Puis fin octobre, Dylan accusait réception de son Prix par voie de presse et laissait entendre qu'il serait "absolument" ravi de faire le déplacement. "Pour autant que ce soit possible", s'empressait-il d'ajouter.
Deux semaines plus tard, il se décommandait, irrévocablement, affirmant avoir d'autres choses à faire au même moment, alors qu'aucun concert n'est annoncé à ces dates sur son site internet.
Discours de remerciementsAvant lui, d'autres lauréats comme Doris Lessing, Harold Pinter ou Elfriede Jelinek n'avaient pu se rendre à Stockholm, mais cela reste "exceptionnel", rappelle l'Académie.Bob Dylan a néanmoins pris le temps d'envoyer un discours de remerciements qui sera lu au cours du somptueux banquet donné à l'Hôtel de ville en présence de la famille royale et de 1.300 invités de marque. Et l'Américaine Patti Smith interprétera l'une de ses chansons, "A hard rain's a-gonna fall", lors de la cérémonie de remise des Prix.
A 75 ans, Bob Dylan est le premier auteur-compositeur à obtenir la prestigieuse récompense, une décision qui a surpris les milieux culturels qui pariaient sur un choix plus conventionnel. Et quitte à récompenser un chansonnier, d'autres lui auraient préféré le Canadien Leonard Cohen, décédé début novembre.
Un demi-siècle de conflitRemis le même jour à Oslo, le Prix Nobel de la paix va récompenser les efforts du président colombien Juan Manuel Santos, artisan d'une paix qui semble enfin sur les rails après plus d'un demi-siècle de conflit.
Son gouvernement et la guérilla marxiste des FARC ont signé le 24 novembre un accord, non sans avoir au préalable essuyé un sérieux revers avec le rejet d'une première version par les électeurs lors du référendum le 2 octobre.
La victoire du "non", d'une courte tête, semblait, aux yeux des experts, avoir enterré les chances de Santos de remporter le Nobel qui devait être décerné cinq jours plus tard.
Mais le comité Nobel avait déjoué les pronostics. "Le fait qu'une majorité des votants ait dit "non" à l'accord de paix ne signifie pas nécessairement que le processus de paix est mort", avait fait valoir sa présidente, Kaci Kullmann Five.
Texte renégociéRatifié cette fois par le Congrès, le texte renégocié, pour y intégrer des propositions de l'opposition, prévoit toujours le désarmement des FARC et leur transformation en mouvement politique.
Premiers signes tangibles que la paix s'installe en Colombie: les guérilleros ont commencé à détruire leur armement.
Pour venir avec lui chercher la prestigieuse récompense, le président Santos a convié une quarantaine de personnes, essentiellement des proches, mais aussi des négociateurs et une dizaine de représentants des victimes d'un conflit qui a fait au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
"Il n'y a aucun représentant des FARC parmi les invités", a indiqué à l'AFP le directeur de l'Institut Nobel, Olav Njølstad.
Ni non plus de membres de l'équipe de l'ex-président Alvaro Uribe, qui ne veut pas voir des guérilleros entrer en politique et avait largement contribué à l'échec du référendum.
Après une conférence de presse à l'Institut Nobel vendredi, le président Santos recevra samedi son Prix à l'Hôtel de ville d'Oslo, en présence du roi Harald de Norvège et des membres du gouvernement.