Au cœur de la tbourida: ces métiers d’art qui font vivre la tradition

Mina Alouch, artisane passionnée, travaille le Serj, le harnachement brodé du cheval. (K.Essebar/Le360).

Alors que la 16ème édition du Salon du Cheval d’El Jadida met la tbourida à l’honneur, les artisans qui façonnent ses plus beaux attributs sortent de l’ombre. Brodeuses, couturiers et armuriers perpétuent des métiers séculaires indispensables à la majesté des sorbas et à la préservation de ce patrimoine vivant et immatériel.

Le 05/10/2025 à 09h48

En marge de la 16ème édition du Salon du Cheval d’El Jadida, qui se tient du 30 septembre au 6 octobre 2025, les métiers de la tbourida attirent l’attention autant que les fantasias elles-mêmes.

Dans les allées dédiées à l’artisanat équestre, plusieurs maîtres-artisans perpétuent des savoir-faire rares, indissociables de l’identité de cette tradition séculaire.

Le serj, broder la noblesse du cheval

Parmi eux, Mina Alouch, artisane passionnée, travaille sur le serj, l’harnachement brodé du cheval. Un art qui exige patience, minutie et endurance.

«Le serj confère une beauté et une esthétique au cheval. Cela nécessite jusqu’à six mois de travail acharné et assidu. Chaque client choisit celui qu’il veut: très chargé ou plus léger. C’est un très beau métier d’art, les gens l’apprécient énormément et on fait tout pour le préserver.»

À travers ses doigts, la fantasia prend forme avant même d’entrer en piste.

La djellaba, identité du cavalier

Le costume du cavalier fait aussi partie intégrante du spectacle. Abdellah Salhi, spécialiste de la djellaba traditionnelle, rappelle son importance.

«La djellaba est importante pour le cavalier. C’est un vêtement traditionnel nécessaire. La djellaba bziouia est cousue au fil (chaara). On la vend entre 700 et 800 dirhams. Cela nécessite jusqu’à cinq jours de travail.» Chaque couture répond aux exigences des sorbas et aux codes hérités des anciennes tribus.

Le fusil, symbole et sécurité

Indissociable de la tbourida, le fusil reste l’élément central de la parade finale. Said Bouisserhane, artisan armurier, en maîtrise les secrets. «Le fusil de la tbourida est essentiel. Il doit être bien entretenu. Les sorbas la choisissent avec soin, afin qu’elle remplisse sa fonction tout en garantissant la sûreté et la sécurité des cavaliers.»

Entre esthétique, précision et sécurité, chaque pièce est façonnée pour résister aux détonations et aux répétitions.

Préserver l’héritage

Au-delà du spectacle offert sur la carrière, ce sont ces artisans de l’ombre qui façonnent la beauté et l’authenticité de la tbourida. Le Salon du Cheval leur offre une vitrine exceptionnelle, mais aussi un espace de transmission à une nouvelle génération appelée à reprendre le flambeau.

Par Fatima El Karzabi et Khadija Essebar
Le 05/10/2025 à 09h48