Voilà encore un sujet qui va entraîner son lot de grincements de dents du côté de ceux qui voient dans les sujets qui traitent des femmes un féminisme anti-masculin, et ont tôt fait de taxer d’hystériques celles qui se la ramènent un peu trop fort.
Non rassurez-vous, on ne parlera pas ici de la décision de l’Académie française de féminiser le nom de la maladie qui plombe nos vies en ce moment. Soyons clairs dès le départ, parler des femmes et des sujets qui leur sont relatifs, que ce soit de manière sérieuse ou avec humour (qu’il soit compris ou pas) n’est pas une question de féminisme mais d’humanisme. Point barre. Il n’est pas question de réclamer, ni de quémander ni de revendiquer ici une pseudo-place masculine que l’on souhaiterait prendre à tout prix car la complémentarité des sexes est à nos yeux tout aussi importante que l’égalité des droits entre personnes de sexes différents.
Maintenant que cette parenthèse est refermée, venons-en au cœur du sujet: le Maroc post-Covid-19. Et plus précisément, ce Maroc que l'on réfléchit actuellement entre experts dans des webinaires et dans les médias, et auquel on réfléchit, en fait, entre hommes...
Politique, immobilier, société, finances... La grande majorité des intervenants invités à réfléchir sur un nouveau modèle de développement économique et social sont des hommes. Et oui, pas besoin d'être féministes pour être dérangés par cela. Pourquoi? Parce qu'en tant que ferventes militantes de la complémentarité, un point de vue féminin, et à compétences égales, cela nous intéresse aussi. Après tout, nous n'avons aucun mal à prendre au sérieux les femmes dirigeantes occidentales, alors pourquoi pas sous nos cieux? On n'est quand même pas compétentes que pour briller sur Instagram, YouTube ou dans des émissions télé à deux balles...
D'ailleurs, pourquoi les problématiques qui touchent les femmes chefs d'entreprises (et qui sont les mêmes que pour les hommes) devraient-elles être uniquement relayées par l'association des femmes chefs d'entreprises du Maroc? Existe-il une association des hommes chefs d'entreprises? A notre connaissance non... Alors pourquoi en faire un sujet exclusivement féminin et non national? Après tout, ces femmes là ne sont pas en train de papoter entre deux tasses de thé de leurs mouflets et de leurs dernières règles. Quant aux problématiques spécifiques à l'entreprenariat ou au salariat féminin, on pense notamment à l'inégalité des salaires dans le deuxième cas, ce sont des sujets qui devraient relever du monde de l'entreprise en général, et non d'une spécificité féminine que l'on choisit de snober quand ça nous chante et parce que ça nous arrange.
Qu'on ne vienne pas encore nous rabâcher cette même histoire selon laquelle le Maroc manque de compétences féminines et que ce serait l'unique raison pour laquelle les femmes brilleraient par leur absence dans les hautes instances et dans les débats. Les femmes compétentes, le Maroc est bien content de les trouver aux premières lignes depuis le début de cette pandémie, prenant autant de risques que leurs confrères masculins ne serait-ce que dans le secteur hospitalier.
Alors pourquoi au moment de repenser le Maroc de demain, de réfléchir et de mettre en place des stratégies, les femmes sont-elles à nouveau reléguées à l'ombre de ces messieurs qui visiblement sauraient beaucoup mieux de quoi ils parlent? Jusqu'à Nezha El Ouafi, la secrétaire d’Etat chargée des MRE, qui vient d’être reléguée au placard, pour ainsi dire, par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Celui-ci vient en effet d’élaborer un décret mettant la secrétaire d’Etat sous sa tutelle directe. Autrement dit, nous voici avec un poste qui ne sert plus à rien et une secrétaire d’Etat décrédibilisée dans sa fonction. Mais pourquoi l’avoir nommée à ce poste si elle n’en avait pas le profil? On ose espérer que ce ne soit pas par simple discrimination positive. Ce serait une insulte à toutes les femmes qui pourraient briller en politique.
Comme tout un chacun, ce confinement, qui nous a mis à rude épreuve, nous a aussi permis d'entrevoir une fenêtre sur un autre monde, plus juste, plus équitable, entre classes sociales, entre peuples et entre sexes. Ce qu'on espère donc aujourd'hui, c'est que ce Maroc qui nous a rendu toutes et tous si fiers ces dernières semaines soit aujourd'hui représenté par toutes ses composantes afin de repartir sur de nouvelles bases, celles-ci encore plus solides que les précédentes.