Que s’est-il passé pour que la propagation du virus prenne une telle ampleur? On est passé de quelques dizaines de cas par jour à plusieurs centaines. On donnait le Maroc comme exemple et on félicitait les dirigeants pour la rigueur et l’efficacité de leur lutte contre le coronavirus. Voilà que tout change au point où une ville comme Tanger s’est confinée, puis déconfinée, dans une même journée (lundi 13 juillet).
La saison touristique est totalement compromise. Même le tourisme local est devenu impossible, du moins depuis la fermeture de huit villes dans le pays.
Là, nous retrouvons, rassemblés dans un même paquet, tous nos défauts. Le naturel, chassé un moment, est revenu au galop. On ne prend pas au sérieux les avis des médecins. On se conduit en fataliste, ce qui est la pire des attitudes. Bref, on sous-estime la gravité de la pandémie et on pense qu’on est plus fort qu’elle. Cela relève de l’ignorance et de la bêtise.
D’abord les propriétaires des usines qui ont repris le travail sans aucune précaution de base. Ceux qui ont laissé faire ou qui ont été à l’origine de ce laisser-aller devraient rendre des comptes à la justice. Car, à cause de leur mépris de la gravité du virus, ils ont provoqué des milliers de nouvelles contaminations.
C’est dans ces usines et certains quartiers que le virus a dansé la samba. Ajoutons à cela la manifestation stupide de l’ignorance de certains jeunes qui ont tourné le dos au virus, affirmant (je l’ai entendu dans une vidéo) que «si on fait ses cinq prières quotidiennes, on est vacciné contre le virus»; d’autres ont dit que cette histoire de virus a été inventée pour ne pas résoudre les problèmes économiques du pays.
La manie, de plus en plus répandue du complotisme, fait des ravages chez une jeunesse qui se contente d’explications irrationnelles et surtout dangereuses.
Qu’on le veuille ou non, le Covid-19 circule partout dans le monde. Il n’a épargné aucun pays. Il continue d’infecter des gens et de tuer.
Chez nous, les hôpitaux (en tout cas, de ce que j’en sais à Tanger) sont submergés. Le pays n’a pas les moyens d’affronter la pandémie. Beaucoup d’efforts ont été faits. Beaucoup de citoyens ont été sauvés. Mais cela était possible tant que le confinement mettait un frein à la propagation. A présent que l’isolement n’est plus de rigueur, le virus circule en toute liberté.
Au mois de mars dernier, on parlait d’une disparition du virus avant l’été. Là, on parle d’une deuxième vague cet automne. Nous sommes partis pour une nouvelle saison de confinement et surtout pour ses conséquences économiques.
Attendons les prochaines semaines après la fête de l’Aïd. Il est hélas très probable que le taux de contamination progresse encore.
Sans confiner tout le monde, il serait prudent que les personnes à risque (les personnes âgées; les malades du diabète et de l’hyper-tension; les cardiaques) se confinent d’elles-mêmes. Pour sauver leur vie, elles doivent absolument s’isoler le temps que cette «vacherie» disparaisse.
Quant aux discours irresponsables de ceux qui défient la virulence du virus, on devrait les mettre hors d’état de nuire. Malheureusement l’ignorance et la provocation sont contagieuses.