Un ami refuse de se faire vacciner. Pourtant c’est une personne intelligente, cultivée, scientifique et assez souple en général dans sa vie quotidienne. Mais, voilà, face au vaccin, il se bloque. Il ne veut rien savoir. J’ai eu cet été une discussion avec lui qui a failli se terminer mal. Il n’y a rien à faire. Ni la raison, ni la science, ni la peur, ni la menace n’ont réussi à lui faire changer d’attitude. Il refuse de se faire vacciner même s’il est obligé par la loi. Il dit «j’entrerai en résistance!».
Nous avons tous autour de nous au moins une personne qui refuse de manière ferme de se faire vacciner. En y réfléchissant, je me suis rendu compte que cela relevait du fanatisme. Pourtant mon ami a été de tout temps contre les fanatiques en religion ou en politique.
Ses arguments sont simples: c’est ma liberté. Je ne veux pas qu’on introduise dans mon corps un truc dont on ne connaît pas assez bien les effets secondaires à plus ou moins long terme.
Mais j’ai beau lui dire que sa liberté se transforme en danger pour son entourage, il balaie cet argument d’un geste de la main. S’il a le virus, il contaminera ses proches. Sa réponse est aussi radicale: je ne fréquente personne. Je mets un masque quand je sors et je fais attention en respectant les gestes barrières.
La notion de liberté a bon dos! Car nous vivons ensemble. Le virus est invisible. Il circule de mille manières et rien ne peut prévenir le moment où il va frapper.
Je lui donne l’exemple de gens comme lui qui, non vaccinés, se sont retrouvés à l’hôpital et certains sont morts. Là, son argument balaie tout en invoquant le destin. «Si tel sera mon terme, je n’y pourrai rien». Voilà qu’il devient fataliste. Même des hommes, bons croyants et pratiquants, ont accepté de se faire vacciner et de lutter ainsi contre la pandémie.
En ce moment, en France, huit malades sur dix, en réanimation à l’hôpital, sont des personnes ayant refusé de se faire vacciner. Elles sont responsables de l’arrivée de la cinquième vague et du variant Omicron.
Ces exemples, ce raisonnement butent contre un mur en béton ou en fer. Mon ami, ne veut rien savoir et il résiste de toutes ses forces à se rendre à l’évidence. Là, j’ai été désolé, mais je lui ai dit que «son intelligence remarquable que je lui connaissais, était gangrénée par la bêtise, une énorme stupidité que même les animaux n’ont pas».
Là, il me regarde, l’air hagard, les yeux tristes et me dit: «je suis sous influence. Je ne sais pas d’où ça vient, mais je ne me sens pas normal, je suis en désaccord total avec moi-même. Et le pire, je suis incapable d’inverser la tendance, je suis dans un piège, mais tout en moi refuse d’en sortir».
Cela me rappelle les gens qui tombent dans le piège des sectes et se font dépouiller de tout avec leur consentement hilare. Ils ont perdu le bon sens, la raison, l’instinct de conservation.
Cet ami, marocain, a été hospitalisé dans une clinique à Casa. Il a été en réanimation durant une dizaine de jours. Par miracle, il a été sauvé. Avant de quitter la clinique, les médecins lui ont prescrit une ordonnance pour se faire vacciner dans quelques semaines.
Il a fallu qu’il connaisse l’enfer (ce sont ses mots), il a fallu qu’il voie la mort en face et qu’il souffre le martyre pour enfin accepter l’idée de faire comme l’écrasante majorité de la population au Maroc et dans le monde, et d’accepter de donner son bras, le moment venu, pour qu’un vaccin pénètre dans son corps et l’immunise contre une rechute.
Moralement, il est fatigué. Il ne comprend pas son attitude et sent qu’il a été en totale contradiction avec son intelligence et son instinct de vie. Il a honte.
Ce phénomène existe partout. Il y a eu des manifestations dans la plupart des pays frappés par la pandémie. Certains sont allés jusqu’à traiter le personnel des hôpitaux de «nazis»! Quelle indécence! Des infirmiers ont accepté de perdre leur emploi plutôt que de se faire vacciner. Oui, c’est une liberté enrobée de fanatisme inexplicable. Ajoutez à cela, la vague des complotistes. Ceux-là pensent tout simplement que ce virus est une stratégie d’une puissance voulant dominer le monde.
Et comme dit l’adage «il faut de tout pour faire un monde»!
Je ne sais pas si cet ami a eu sa première dose. Il ne répond plus à mes appels.
C’est à cause de gens comme lui que le Maroc a décidé de sacrifier la saison touristique de cet hiver en fermant son espace aérien. C’est, à mon avis, excessif. Et j’espère que la décision du comité interministériel, qui n’est toujours pas tombée, va lever les restrictions sur les liaisons aériennes et maritimes. On peut entrer dans le pays si on a eu sa troisième dose appuyée par un test PCR de 24 h. Mais, au fanatisme des uns répond un excès de zèle qui ruine tout un pan entier de l’industrie touristique.
Un dernier point: ce n’est ni un point de vue pessimiste ou irréaliste, mais sachez que nous sommes appelés à vivre avec ce virus et ses multiples variants quelques années. Il vaut mieux le savoir et se préparer à côtoyer un ennemi qui nous aime tant.