Plus personne ne se fait d’illusion sur l’équilibre mental du président américain Donald Trump. Les médias s’amusent à publier ses bêtises et à en rire comme si c’était un jeu entre délinquants. Or M. Trump est un chef d’État, un homme dont la responsabilité dépasse les frontières de son pays. Chaque mot compte et peut avoir des conséquences désastreuses. Quand on voyait Charlie Chaplin en dictateur s’amuser autour du globe, on riait, même si ces rires étaient amers, car on savait que chacun de ses gestes, chacune de ses décisions allait se traduire en massacre d’êtres humains dont le seul crime était d’être juifs. Le Dictateur était un film prémonitoire. Chaplin avait anticipé le malheur qui allait frapper notre humanité. Aujourd’hui, on ne va pas comparer Trump à Hitler. Ce serait stupide. Mais on devrait cesser de rigoler à chaque dérapage de M. Trump. Car il tient son pouvoir et sa puissance de millions d’électeurs qui pensent comme lui, nourrissent un racisme évident contre les Noirs et les étrangers surtout s’ils sont Arabes et musulmans.
En décidant d’installer l’ambassade américaine à Jérusalem, il savait qu’il allait provoquer une vague de protestations et de violence pas seulement dans le monde arabe mais bien au-delà. C’est une provocation de plus dans un dossier dont la complexité est immense. Les précédents présidents américains ont essayé, avec plus ou moins de succès, de résoudre ce conflit. Il s’agissait chaque fois de rendre justice au peuple palestinien dont une grande partie de ses territoires est occupée par Israël. Il s’agissait aussi de garantir à Israël un État où il vivrait en paix avec ses voisins palestiniens.
Jérusalem est une ville extraordinaire parce qu’elle est la mémoire du monde, la rencontre des trois monothéismes, la ville d’une haute spiritualité. Il faut la célébrer non en tant que capitale d’un État, mais en tant que lieu où l’Esprit élève les consciences vers une espérance de fraternité et de paix.
Donald Trump vient de la saccager. Il en a fait un symbole politique en totale contradiction avec son histoire et son destin. Il l’a réduite à un statut administratif dont le but est d’expulser du présent toute tentative de dialogue, tout essai de négociation pour en finir avec un conflit qui dure depuis 1948, depuis plusieurs générations. C’est le moyen qu’a trouvé le président américain pour déclarer la guerre aux Palestiniens et aussi aux Israéliens épris de paix et de justice.
M. Trump est un homme dangereux. Son ignorance de l’histoire et de la géographie, son simplisme extravagant, ses humeurs radicales et racistes le rendent encore plus dangereux pour la paix dans le monde. Ses anecdotes ne me font pas rire. Sa politique sans vision, sans intelligence ni du cœur ni de la raison, fait de lui l’homme dont la planète devrait se méfier.
Nous sommes hélas tous concernés par les décisions de M. Trump. C’est le seul État qui engage le monde avec lui quand il prend une décision.
Le monde avait déploré l’invasion de l’Irak par G. W. Bush. Une intervention illégale, basée sur des mensonges. De 2003 à aujourd’hui, ce pays est devenu un lieu où le chaos a permis au terrorisme de se développer et de faire le malheur du monde. C’est en Irak que Daech est né et que le «califat» d’Al Bagdadi a été proclamé. C’est sur les débris de ce pays ravagé qu’est né «l’État islamique» qui fait lutte contre le monde civilisé.
M. Trump voudrait dépasser la catastrophe créée par Bush. Il a livré Jérusalem à la guerre et a rendu toute négociation impossible. Qui peut l’arrêter? Seul le peuple américain pourrait mettre fin aux provocations délirantes d’un homme capable de mettre le feu à la planète.