Nombreux sont les auditeurs maghrébins à avoir dans l’oreille la voix de bon professionnel de la radio, du journaliste algérien Fayçal Métaoui. Il aime les faits plus que les commentaires, ce qui est bon signe même si parfois – environnement politique algérien oblige –, l’auditeur qui sait écouter entre les mots, entend pointer une petite pique contre le Maroc… A tout péché, miséricorde !
UN DÉNI D’HISTOIRE
Mais cette fois, ce n’est pas une simple pique dont il s’agit, c’est un déni d’Histoire et d’histoire des relations entre Rabat et Alger ; et c’est donc un peu plus grave. Oh ! Ce déni n’est pas passé par la voix des ondes ou dans un coin d’une feuille algéroise ou constantinoise. Non, ce déni se trouve au début d’un entretien donné par l’intéressé à la respectable revue parisienne de géographie et géopolitique, «Hérodote», du nom du père grec de l’Histoire. La revue du patriarche de gauche Yves Lacoste, chez lequel l’amour de la science l’emporte presque toujours sur la militance, vient donc de publier un numéro double à l’occasion de son quarantième anniversaire, et il est consacré au «Monde arabe. Regards géopolitiques».
OÙ EST DONC PASSÉ LE MAROC ?
Dès le début de ses propos, notre confrère algérien, à une question sur ce que «représente aujourd’hui ledit monde arabe pour les Algériens», répond tout de go : «Après l’indépendance de l’Algérie (1962), le nouvel Etat entretenait des relations étroites avec les pays qui avaient soutenu les nationalistes algériens dans la région arabe comme l’Egypte, la Syrie, la Libye et la Tunisie». Oui, vous avez bien lu : le Maroc, nouvellement indépendant lui aussi (1956) et qui offrit une aide multiforme aux indépendantistes algériens, au prix de crises avec la France et de désagréments divers, notamment pour les populations marocaines frontalières, le Maroc, secourable et souffrant jadis pour le voisin et frère, n’est même pas cité en 2016…
LE CAS TUNISIEN
La Tunisie, elle, est citée nommément, mais en bout de liste après plusieurs autres nations arabes qui ne souffrirent qu’accessoirement de leur aide aux Algériens, les Tunisiens restant, devant même peut-être le Maroc, surtout si on regarde les choses toutes proportions gardées, le peuple qui pâtit le plus, sur son propre sol, de la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962).
MUTISME HOSTILE
Franchement, on attendait un peu plus d’objectivité à l’égard du Maroc de la part d’un journaliste qui s’est taillé une certaine réputation d’autonomie à la tête du quotidien francophone «El Watan» (la Nation), envers le régime socialo-militaire algérien. Là, le masque s’est détaché et Si Fayçal est tombé – espérons que ce n’est pas pour toujours – dans ce mutisme hostile et mensonger envers le Royaume chérifien, mutisme qui peut aller, on en a là hélas la preuve tangible, jusqu’au déni d’Histoire.
LE MOT D’ «HERODOTE»
Pas étonnant que la rédaction de l’honnête revue «Hérodote» ait insolitement mentionné, au début de l’entretien avec M. Métaoui que «ses réponses nous ont surpris»… Nous aussi, et comment !!!
* «Hérodote», N°160-161, «le Monde arabe», 435p. Ed. la Découverte, 75013- Paris. 2016
«Histoire de l’Afrique du Nord», où l’historien africaniste français Bernard Lugan ne pratique pas, lui, le déni d’Histoire… Ed. du Rocher, Paris et Monaco, 736p. 2016