close
le360
  • Politique
  • Economie
  • Société
  • International
  • Culture
  • Médias
  • Sports
  • People
  • Lifestyle
  • Blogs 360
  • courriel
     
  • rechercher
  • العربية
Politique

Le Maroc doit-il opter pour le nucléaire?

Par Rachid Achachi le 23/06/2022 à 11h59
Rachid Achachi
© Copyright : DR

Aujourd’hui plus que jamais, la question de la souveraineté énergétique s’impose comme un impératif incontournable.

Le bras de fer entre les chancelleries occidentales et Moscou pose la question des fortes dépendances, notamment énergétiques, rendues possibles par la mondialisation. L’accès à une énergie à faible coût est un facteur de compétitivité majeure, et la signature de contrat à long terme avec un fournisseur fiable représente la garantie d’obtenir des coûts faibles qui échappent à la très forte volatilité des marchés spot.

 

Ce fut là toute la stratégie de l’ancien chancelier Gérard Schröder, qui opéra un rapprochement économique et énergétique avec Moscou, à une époque où Berlin avait une relative autonomie vis-à-vis de Washington.

 

Cependant, il arrive des fois que les rivalités géopolitiques contredisent les intérêts économiques d’un Etat ou d’un bloc économique, jusqu’au point d’accepter de subir de grandes pertes économiques en vue d’atteindre une autonomie stratégique. Un jeu d’équilibriste très périlleux pour l’Europe qui risque d’aboutir à une situation où les Etats européens n’auront ni la compétitivité, ni l’autonomie stratégique, du fait d’une vassalisation de plus en plus forte vis-à-vis des Etats-Unis.

 

Mais qu’en est-il du Maroc?

 

Dans une perspective autant de renforcement de sa souveraineté énergétique que de préservation de ses réserves de change, le Maroc a fait le choix de la diversification énergétique en accordant une place centrale aux énergies renouvelables, principalement le solaire.

 

L’objectif est d’atteindre 52% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique à l’horizon 2025. Le reste sera produit par des énergies fossiles, principalement le gaz et l’hydroélectrique.

 

Cependant, personne à l’époque ne pouvait prévoir la situation actuelle, dont la guerre énergétique qui se joue actuellement entre l’Occident et la Russie.

 

La nouvelle réalité géopolitique impose au Maroc de chercher ailleurs cette souveraineté qu’il est désormais impossible de trouver dans les énergies fossiles.

 

Dans ce nouveau contexte, l’idée de recourir à l’énergie nucléaire à travers la construction de plusieurs centrales nucléaires s’impose de plus en plus dans le débat.

 

Avant de peser le pour et le contre d’une telle stratégie, définissons le plus simplement possible ce qu’est une centrale nucléaire.

 

Au fond, il s’agit ni plus ni moins d’une centrale thermique, à la différence que la chaleur qui sert à produire la vapeur est générée par une fission nucléaire controlée, grâce à de l’uranium enrichi.

 

Les avantages de ce type d’énergie sont nombreux.

 

Premièrement, il s’agit de l’une des sources d’énergie les moins coûteuses, si l’on fait abstraction du coût de construction de la centrale elle-même.

 

L’uranium 235 ne coûte relativement pas cher si on le rapporte à l’énergie qu’il permet de produire. Dans une logique de ratio, il est infiniment plus rentable que les énergies fossiles.

 

Deuxièmement, c’est l’une des énergies les moins polluantes du point de vue des émissions de CO2.

 

De plus, la durée de vie d’une centrale nucléaire est de 40-50 ans en moyenne. Mais avec un entretien adéquat, elle peut durer plus longtemps.

 

Enfin, certains types de réacteurs comme le RBMK russe, en plus de générer de l’énergie pour produire de l’électricité, permettent également d’obtenir de manière résiduelle du plutonium, qui peut être utilisé dans un cadre militaire, ou revendu à un autre pays.

 

Ça, c’est pour les avantages.

 

Les inconvénients sont également nombreux.

 

Car s’il s’agit bien d’une technologie non polluante en CO2, elle génère cependant des déchets radioactifs, de l’uranium appauvri, qui, jusqu’à présent, est généralement enfoui sous terre. C’est ce qu’on appelle un confinement géologique. Cela n’est pas sans coûts, de sécurisation et de gestion à long terme de ces déchets qui demeurent radioactifs.

 

Deuxièmement, les facteurs humain, technologique et géologique, comme facteurs de risque. La centrale la plus sûre de monde peut être l’objet d’une surchauffe du réacteur, avec tous les risques d’accidents majeurs comme à Tchernobyl ou à Fukushima. Le mauvais entretien, un tremblement de terre, un tsunami ou une défaillance technique peut accroître ce risque, même si celui-ci demeure minime.

 

Troisièmement, la vulnérabilité stratégique en cas de conflits de forte intensité. La station nucléaire peut être une cible privilégiée dans un contexte de guerre, en vue de priver le pays d’une source majeure d’électricité, mais également en vue de créer une catastrophe nucléaire majeure.

 

Quatrièmement, la rareté de l’uranium et la dépendance technologique. Car oui, l’uranium 235 est extrêmement rare dans l'ensemble de la croûte terrestre et est réparti de manière inégale sur la planète. Les principaux producteurs sont le Kazakhstan, le Canada, l’Australie, la Namibie et la Russie.

 

Sur les 10 principales mines d’uranium dans le monde, le Kazakhstan en possède 4, exploitées pour certaines par des entreprises possédées par les Russes.

 

Deuxièmement, l’uranium 235 issu des mines ne peut être utilisé tel quel dans les centrales nucléaires. Il doit d’abord être enrichi. Là encore, seuls quelques pays maîtrisent cette technologie à grande échelle. La Russie, à elle seule, représente 44% des capacités d’enrichissement de l’uranium à l’échelle mondiale. La France en détient 12,8%, l’entreprise USEC (Etats-Unis, Royaume-Uni, Pays-Bas et Allemagne) 32,6%, et la Chine 8,8%.

 

Leurs capacités n’étant pas suffisantes pour servir toutes leurs centrales, les Etats-Unis importent jusqu’à présent de la Russie de l’uranium enrichi, et ce, malgré le bras de fer entre les deux pays.

 

Ainsi, le Maroc à son tour dépendra d’un pays étranger pour son uranium enrichi. Car, je le rappelle encore une fois, ce n’est pas tant l’uranium 235 naturel qui est le plus problématique, mais c’est son enrichissement qui l’est.

 

Il en résulte que si le Maroc décide de construire des centrales nucléaires, ces dernières se devront de faire partie d’un mix énergétique plus large, et ne prendre en aucun cas une place prépondérante, au risque de passer d’une dépendance à une autre.

 

Quant à la construction des centrales nucléaires, étant incapables de le faire nous-mêmes pour des raisons de retard et de non-maîtrise technologique, nous serons amenés à nous tourner vers un nombre très limité de pays.

 

Il s’agit principalement de la France, la Russie, les Etats-Unis, le Canada, la Corée du Sud, le Japon et la Chine. Un vrai casse-tête géopolitique, mais qui mériterait un développement à part.

Par Rachid Achachi

LES CONTENUS LIÉS

prev next
  • Rachid Achachi

    L’affaire Brahim Saadoun, un casse-tête ukrainien

  • Rachid Achachi

    Maghreb United: un jour, peut-être?

  • Rachid Achachi

    Quand l’inflation pourrait financer notre développement…

  • Rachid Achachi

    Le Maroc et la neuvième circonscription

  • Rachid Achachi

    Quand l’OPEP déjoue les plans de Washington

  • Rachid Achachi

    L’inflation est-elle russe?

KIOSQUE 360

prev next
  • Inflation

    Inflation: la BRI exhorte les banques centrales à agir de manière décisive et sans tarder

  • Akhannouch Ouahbi Baraka coalition septembre 2021

    Crise de l’Istiqlal: le scénario d’un retrait du gouvernement n’est pas exclu

  • Marrakech - Tourisme - Jamaâ El Fna - Touristes - Relance du tourisme

    Le secteur touristique renoue avec les bons chiffres

  • tribunal

    Neuf présidents de communes devant les tribunaux des crimes financiers

  • Younes Sekkouri

    Programme Awrach: 30.000 bénéficiaires, dont 40% de femmes

  • Assaut des migrants - Nador - Melilia

    Après le drame de Nador, sécurité renforcée dans les environs de Sebta et Melilia

  • start up

    Capital-Investissement: 140 entreprises accompagnées en 2021

  • Marché de gros de Casablanca

    Marché de gros de Casablanca: des commerçants taxés à l’insu du fisc

  • immigration clandestine

    Traite humaine: la BNPJ démantèle un dangereux réseau à Témara, le procès est imminent

  • Brahim Saadoun

    Affaire Brahim Saadoun: son père lance un appel à Poutine et au président de la république de Donetsk

  • moutons

    Revue du web. À deux semaines de l’Aïd al-Adha, la flambée du prix des moutons interpelle les internautes

  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
  • 6
  • 7
  • 8
  • 9
  • 10
  • 11

Abonnement Newsletter

Saisissez votre adresse email pour recevoir la newsletter du Le360

TOP 360

  • Du Jour
  • De la semaine
  • 1
    Assaut sur Melilia: les premières images du drame de Nador
  • 2
    Une ligne régulière d’hélicoptères reliera Algésiras à Tanger et Tétouan, à partir de septembre prochain
  • 3
    Sommet de la Ligue arabe: le régime algérien doit remercier l’ordre alphabétique
  • 4
    Info360. Les enseignants du supérieur réclament une hausse des salaires: un accord sera trouvé avant les vacances d’été
  • 5
    La mafia de l'immigration clandestine à l’origine du drame de Nador
  • Articles
  • Vidéos
  • Photos
  • 1
    My ANOC Marketplace, une application mobile pour acheter son mouton en ligne
  • 2
    Un investissement de 230 millions de dirhams: le Busway de Casablanca dévoilé
  • 3
    Assaut sur Melilia: les premières images du drame de Nador
  • 4
    La différence entre le gazoduc Afrique-Atlantique et le gazoduc transsaharien, à but exclusif de «livraison»
  • 5
    Festival de Fès des musiques sacrées: condamnés à un an de prison ferme, Zouiten et Skalli font appel
  • 1
    Demeures de stars: le Palais Sidi Hosni, ancienne propriété tangéroise de Barbara Hutton, est à vendre
  • 2
    Qu’est-ce que le web 3.0, la nouvelle version d’Internet dont tout le monde parle?
  • 3
    Dar Lkabranate-EP-14. Sur ordre du général Chengriha, Lamamra désigné pour diriger une nouvelle mission
  • 4
    I-City by Aba Technology: une nouvelle capabilité pour la gestion des villes intelligentes et durables à Vivatech
  • 5
    La deuxième édition du Salon Immogallery ouvre ses portes à Anfa-Park Casablanca
  • 1
    Assaut sur Melilia: les premières images du drame de Nador
  • 2
    Exposition: aux Beaux-Arts de Paris, Chaumet donne carte blanche au directeur botanique du Jardin Majorelle de Marrakech
  • 3
    Ouverture de la conférence internationale «Dialogue de Tanger»
  • 4
    Opération Marhaba 2022: les images de l’arrivée des premiers navires au port de Tanger-ville
  • 5
    Paris: le patrimoine préhistorique marocain à l'honneur à l'UNESCO

Sondages 360

La hausse des prix et les pénuries doivent-elles enjoindre à plus de souveraineté alimentaire?

Oui
87%
87%
Non
12%
12%
Sans avis
1%
1%

Le360 en un clic

  • Politique
  • Economie
  • Société
  • International
  • Culture
  • Médias
  • Automobile
  • Sports
  • People
  • Lifestyle
  • Qui sommes-nous?
  • FAQ
  • Mentions légales
  • Contact
  • Publicité
  • Site Map
  • Coronavirus Maroc
  • Application Mobile
  • Version mobile
  • Archives
  • Nos liens

Suivez-nous !

  • facebook
  • twitter
  • youtube
  • linkedin
  • Instagram

Abonnement Newsletter

Saisissez votre adresse email pour recevoir la newsletter du Le360

le360 © Web News / le360.ma / Tous droits réservés