Pourquoi les Marocains sont «comme ça»? 

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ChroniqueLe problème est-il inné, dans les gènes, ou acquis, avec cette fameuse «jelba» (vaccin BCG) qui nous tatoue le bras et peut-être aussi le cerveau?

Le 01/08/2020 à 09h19

A quelques jours d’intervalle, nous avons assisté à deux événements qui n’ont a priori rien à voir ensemble. Il y a pourtant quelque chose qui les relie, un petit fil à peine visible…

Le weekend dernier, les routes et autoroutes du Maroc ont été prises d’assaut suite à l’annonce de la fermeture de plusieurs villes à la fois. L’annonce du gouvernement a été tardive, provoquant une panique générale. Et comme ADM (autoroutes du Maroc) n’a pas levé les barrières de péage, les bouchons ont été monstrueux.

Faut-il un dessin pour deviner ce qui s’est passé ? Non, vous vivez au Maroc, vous êtes vaccinés et pas seulement par la fameuse «jelba» (vaccin) du BCG… Nous avons eu droit à des drames humains (multiplication des accidents mortels) et des dégâts, dégradations de biens publics, échanges d’amabilités, etc.

Un ami, qui était sur la route ce soir-là, m’a dit: «J’ai mis six heures pour faire 30 km jusqu’à Casablanca. J’ai passé plus de temps à insulter et à recevoir des insultes des autres automobilistes coincés qu’à conduire…».

Voilà pour le premier tableau. Le deuxième nous emmène dans un «souk au mouton» improvisé dans l’une des banlieues de Casablanca, et qui a fait l’objet d’une vidéo devenue virale.

La scène est d’une barbarie totale. Nous voyons des jeunes, des femmes et des hommes courir dans tous les sens, essayant d’attraper et d’emporter des moutons par tous les moyens possibles, dans une pagaille totale. Les pauvres bêtes sont traînées par les cornes, les pieds, la queue, ensanglantées, avec des bouts de laine et de peau arrachés…

Ces deux événements n’ont bien sûr rien à voir. Ils ne concernent pas la même population. Ce n’est pas le même Maroc.

Pour schématiser, la panique sur autoroute concerne les riches, et le vol de bétail est une affaire de pauvres.

Et puis, quel est le lien entre rester bloqué sur une autoroute et rouler comme un fou pour essayer d’arriver à l’heure, et voler un mouton en traitant la bête comme si elle ne ressentait rien? Aucun…

Aucun, vraiment?

Les deux comportements sont en vérité interchangeables. Les automobilistes fous ou rendus fous auraient pu voler du bétail en le maltraitant, s’ils avaient été pauvres et si l’occasion leur était donnée de ramener un mouton à la maison la veille de l’Aïd.

De même, les voleurs de bétail auraient conduit leurs voitures comme des fous, s’ils en avaient une et si le couvre-feu les obligeait à rentrer chez eux dans l’heure.

Dans les deux cas, la barbarie ou l’incivisme sont les conséquences logiques de l’instinct de survie. Placés dans des conditions extrêmes, et finalement inhumaines (manger alors qu’on n’en a pas les moyens, rentrer chez soi alors que les routes sont bloquées), les humains perdent un peu de leur humanité et se comportent de la pire des manières.

Au Maroc comme ailleurs, ce n’est pas seulement l’ignorance ou, comme on dit, la mauvaise éducation, qui provoquent ces catastrophes. Il ne suffit pas toujours d’être bien né, bien éduqué, d’avoir fait de bonnes études. Le mal ici n’est pas marocain mais universel.

Prenez un Scandinave bien sous tout rapport et affamez-le pendant quelques jours avant de lui présenter un animal vivant: il le dépècera! Annoncez-lui à la dernière minute qu’il a une heure pour faire les 200 km qui le séparent de sa ville, sous peine de perdre tout son plan de vacances: il roulera comme un fou et pourrait vous passer sur le corps s’il le faut!

Poussés à bout, les Marocains, pardon les êtres humains, font n’importe quoi. Ils deviennent des animaux.

Ce n’est pas que «les Marocains sont comme ça». C’est les conditions de vie au Maroc, cette façon de vous prendre au dépourvu, ce rapport de non-confiance qui s’établit très vite avec les autres, cette indélébile «jelba» au BCG, qui configure notre cerveau comme ça.

Par Karim Boukhari
Le 01/08/2020 à 09h19