A Tindouf, après un temps de maturation de leur expérience, ils ont compris, par exemple, que la prière de leurs aînés (et la leur pour ceux qui priaient), se fondait sur le pacte d’allégeance à une commanderie des croyants et que «le Commandeur» n’était autre que le roi du Maroc.
Ils ont appris aussi que cette référence a développé chez leurs aïeux un instinct de résistance immuable, les amenant à repousser la pénétration étrangère, à lutter pour la libération et rejoindre l’Armée nationale dans la brève Guerre des Sables.
La mobilisation de ces patriotes, dont l´histoire devrait récupérer davantage la mémoire, a été possible grâce à leur attachement à la monarchie, symbole de l'appartenance organique au Maroc. Leur affiliation, comme celle des autres Marocains, émane de la symbiose du sacré et les droits de la parenté. Le Coran le rappelle: «Respectez comme il se doit les liens du sang les uns les autres et craignez de rompre les liens sacrés du sang».
De ce fait, les Sahraouis se réfèrent au roi comme le «chrif, ouled 3aam’na».
Les habitants du sud, à l’instar des concitoyens d’autres régions, aiment que l´on s’occupe d´eux. Ils honorent la proximité des leurs. Le roi est un des leurs. Cette intimité extrait sa légitimité et influence des liens de sang et du pouvoir spirituel du trône.
La présence du roi dans les régions du nord a transformé la géographie sentimentale des populations. Il est difficile de gagner le pari politique si l’on ne gagne pas les cœurs. Tanger, Al-Hoceima, Oujda… se sentent moins périphériques. Ces villes bougent parce qu´elles font partie du cœur du pays.
La politique du souverain pour le Sahara consolide sûrement et progressivement les bénéfices des liens unissant de tout temps les populations du Sud et les autres. Les Sahraouis veulent leur roi près d’eux. Ils connaissent les valeurs catalisatrices d’identité et du bien (al-khair) de la monarchie.
Dans mon activisme civil, lors des rencontres organisées par l´UM5R à Smara, Dakhla ou Laâyoune, je n´ai jamais rencontré un interlocuteur local, du plus critique au plus intégré, qui ne sollicitait pas la présence rassurante du roi dans les terres sahariennes.
Les visites de Mohamed VI à ces régions renforcent une politique de proximité, répondant aux besoins des populations. D´une part, elle veut rompre «avec l’économie de rente et des privilèges et la défaillance de l’initiative privée[…] et avec la mentalité de la concentration administrative». Ce sont les mots du peuple exprimés par le roi.
D´autre part, engagée avec la rue sahraouie comme une composante de la diversité marocaine, cette dynamique découle de la volonté de faire du développement «un pilier d’appui pour l’insertion définitive de ces provinces dans la patrie unifiée, et pour le renforcement du rayonnement du Sahara, comme centre économique et comme trait d’union entre le Maroc et son prolongement africain».
Le défi est lancé. Le poète Antonio Machado dit «Toi qui marches, il n'existe pas de chemin. Le chemin se fait en marchant».
C’est aux élites et à la société civile de ces régions de mettre la main à la pâte à côté des institutions de l´Etat. Et prier comme l´ont fait leurs ancêtres pour l’avenir brillant du Sahara!