Quand un membre fédéral parle de corruption

Ce n’est pas la première fois qu’un responsable évoque le problème lancinant du marchandage dans le football. Mais venant d’un responsable occupant un poste clé au sein de l’instance dirigeante du football national, c’est une véritable première.

Noureddine El Baidi est membre fédéral. Il est président de la Commission des statuts et règlements au sein de la FRMF. Il est surtout président de Youssoufia de Berrechid, club évoluant en Botola Pro Elite 2.

Le week-end écoulé, son équipe qui aspirait à accéder à l’élite, a été tenue en échec par Chabab Houara (2-2). Ce résultat l’a privé de réaliser son rêve. C’est alors qu’il s’est fendu d’accusations graves, trop graves. «Nous jouons un football honnête ; mais, malheureusement, il n’y a pas de transparence au Maroc». El Baidi faisait allusion aux succès obtenus par le rival direct de son équipe, le Mouloudia d’Oujda. Ce dernier s’est imposé hors de son fief dans des rencontres difficiles.

La sortie tonitruante et ses éventuelles répercussions font couler beaucoup d’encre. Al Massae rapporte, dans son édition de ce mercredi 29 avril, que les membres fédéraux se sont désolidarisés avec ledit responsable, jugeant qu’il avait poussé le bouchon trop loin. «Jusqu’à présent la Fédération se cantonne dans le mutisme, ne sachant quoi faire devant des accusations aussi graves de corruption», souligne le quotidien qui s’étonne que de tels propos ne fassent pas l’objet d’une enquête. Des propos qui certes, sous d’autres cieux, auraient remuer ciel et terre, et défrayer jusqu’à la chronique judiciaire.

Al Akhbar, traitant du même sujet, révèle que Fouzi Lekjaa, président de la FRMF, s’est emporté à la lecture dans la presse des accusations d’El Baidi. Et il a asséné que «nul n’est au-dessus de la loi» et qu’une enquête serait ouverte pour «élucider cette affaire». La publication en conclut que Noureddine El Baidi serait «viré» de la FRMF.

Quoi qu’il en soit, les déclarations du président de Youssoufia de Berrechid ne sont pas sans précédent. Le cas le plus édifiant est celui de Abderrazak Khairi. L’ancien Lion de l’Atlas avait réussi l’accession en première division avec le FUS de Rabat (2007) et le Wydad de Fès (2009). Il avait dit ceci : «Aucune équipe de deuxième division au Maroc n’accède à la première division sans acheter des matchs». Cependant, on n’avait pas réagi à ces propos. Gageons que les propos de Noureddine El Baidi seront également vite oubliés!