Le 29 mai, Blatter, 79 ans, président depuis dix-septans, était réélu pour un cinquième mandat à la tête de la Fifa, en dépit d'un scandale planétaire sur fond de corruption frappant son instance. Quatre jours plus tard, le 2 juin, il démissionnait, restant toutefois en poste le temps d'organiser de nouvelles élections fin 2015 ou début 2016. Le 5 juin, dans son billet de l'hebdomadaire de la Fifa, le Suisse écrivait à propos du Comité exécutif de la Fifa: "La taille du Comité exécutif doit être réduite et ses membres devraient être élus par le Congrès". Deux semaines plus tard, vendredi 19 juin, changement de cap dans le même support: "Il ne faut pas redistribuer les places au sein du Comité exécutif, mais plutôt procéder à un élargissement adapté de cet organe". Ce revirement laisse "plus que perplexes" certains décideurs dans les instances, qui réclament désormais un "vrai changement, un nouveau leadership pour retrouver une crédibilité", selon des sources sondées par l'AFP.
Limiter l'influence de l'UEFA ?
Vendredi 19 juin, Blatter écrit que "les confédérations doivent être représentées proportionnellement au nombre de leurs fédérations membres", ajoutant que "ce principe démocratique est en contradiction avec la situation actuelle, qui fait que la Confédération africaine de football (54 membres) et la Confédération asiatique de football (46 membres) n'occupent respectivement que cinq et quatre postes sur les vingt-cinq sièges du Comité exécutif". Est-ce une façon de sous-entendre que l'UEFA, c'est à dire la Confédération européenne, a une trop grande représentativité ? L'Europe représente 53 fédérations (Gibraltar, la 54ème, n'est pas reconnue par la Fifa) et dispose de huit sièges au Comité exécutif, dont celui de Michel Platini, président de l'UEFA qui avait demandé à Blatter, les yeux dans les yeux, de démissionner le 28 mai. En élargissant le Comité exécutif, sans toucher aux sièges de l'UEFA, mais en octroyant plus de places aux Africains et Asiatiques, qui sont fidèles à Blatter, l'influence des Européens se réduirait en tout cas dans le pôle de décision.
Le tacle direct de Blatter à l'UEFA vient plus loin, quand il évoque un "examen d'intégrité" des principaux responsables, "sujet qui, par le passé, a été bloqué par nul autre que l'UEFA". "La Fifa n'a pas réussi à mener ses enquêtes d'intégrité centralisées jusqu'ici. Comment lui faire confiance ?", rétorque-t-on de source proche du dossier.
Blatter peut-il se représenter ?
La thèse d'un incroyable come-back de Blatter a déjà été évoquée par la presse anglaise, puis la presse suisse, forçant même la semaine dernière Domenico Scala, le "Monsieur élections" de la Fifa, président du comité d'audit et de conformité, à réaffirmer l'absolue nécessité d'un changement.
Mais certaines voix évoquent toujours une volte-face possible. "Je ne l'exclus pas. Blatter a déjà montré qu'il n'était pas fidèle à ses déclarations, comme lors de sa candidature en 2011. Il avait alors dit que c'était son dernier mandat. Cette promesse n'a pas été tenue en 2015", a confié le président de la Ligue allemande de football (DFL) Reinhard Rauball à Sport Bild.
En annonçant sa démission, Blatter pourrait-il avoir fait baisser la pression autour de lui, se laissant le temps de préparer des réformes et dire ensuite qu'un certain nombre de fédérations continuaient à le soutenir ? Vendredi, il conclut son billet sans répondre à ces échos: "Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons faire avancer le processus de réforme. J'en répondrai jusqu'à mon dernier jour en poste."