FIFA: 53 transactions suspectes lors de l'attribution des Mondiaux 2018 et 2022

53 cas suspects de blanchiment d'argent rescencés par la justice suisse pour l'attribution des Coupes du Monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar).

53 cas suspects de blanchiment d'argent rescencés par la justice suisse pour l'attribution des Coupes du Monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar). . DR

A chaque jour sa révélation dans le scandale qui secoue la FIFA! 53 cas suspects de blanchiment d'argent, dans le cadre de relations bancaires, sont passés à la loupe par la justice suisse pour le volet sur l'attribution des Coupes du Monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar).

Le 17/06/2015 à 18h24

"Quelque 104 relations d'affaires bancaires sont sous enquête et partiellement, en sus, les banques ont signalé au bureau anti-blanchiment quelque 53 cas suspects", a dévoilé Michael Lauber, procureur général de la Confédération helvétique, au cours d'une conférence de presse à Berne mercredi. Les banques "ont fait leur devoir", a exposé le représentant du ministère public, ajoutant que l'enquête, ouverte en mars dernier, contre X, à la suite d'une plainte de la FIFA elle-même en novembre 2014, sera "longue". Et de préciser qu'il "n'exclut pas" d'auditionner le président démissionnaire de l'instance suprême du football, Joseph Blatter, de même que le secrétaire général Jérôme Valcke.

La Suisse a adopté il y a quelques années un arsenal juridique pour lutter contre le blanchiment d'argent dont étaient souvent accusées ses banques. La loi anti-blanchiment en vigueur oblige désormais les banques à signaler au MROS (Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent) les comptes suspectés de servir à blanchir de l'argent. Ces cas sont ensuite examinés par le MROS et transmis ensuite au ministère public de la Confédération (MPC). Le MPC a saisi quelque "9 terabytes de données dans l'enquête sur l'attribution des Coupes du Monde de football 2018 et 2022", a encore indiqué le procureur général, ton posé, assis et bras croisés devant le micro posé sur son pupitre.

"Des preuves ont été récoltées qui concernent 104 relations bancaires. Il faut être conscient que chacune de ces relations implique plusieurs comptes bancaires", a ajouté M. Lauber, martelant que l'enquête est "très complexe". "Le monde du football doit être patient; de par sa nature, cette enquête prendra plus de temps que les fameuses 90 minutes" que dure un match de football, a-t-il encore insisté.

Le procureur général s'exprimait mercredi pour la première fois en public depuis que le MPC a saisi, le mois dernier, des données et documents de la FIFA. Interrogé si l'enquête portait aussi sur l'attribution du Mondial à l'Afrique du Sud en 2010, M. Lauber a refusé de répondre, invoquant le secret de l'instruction. Il a toutefois précisé que devant l'énormité du dossier, une "task force" (cellule) spéciale, dédiée à cette affaire sans précédent, avait été mise en place dans ses services.

Concernant les documents remis la semaine dernière par la FIFA au ministère public, M. Lauber a refusé de dire s'il s'agissait de pièces saisies dans le bureau de Joseph Blatter. "Tout ce que je peux dire, c'est que nous avons recueilli de nouvelles informations". Le "Fifagate" a éclaté il y a juste trois semaines, le 27 mai dernier. Ce jour-là, parallèlement au volet qui concerne la justice suisse, les autorités judiciaires américaines avaient annoncé avoir inculpé 14 responsables et partenaires de la FIFA.

"Racket, fraude et blanchiment" sur une période de 25 ans figurent parmi les 47 chefs d'inculpation retenus contre 9 responsables actuels ou passés de la Fifa, dont deux vice-présidents, et contre 5 partenaires. Pendant ce quart de siècle, ces responsables auraient "sollicité et reçu plus de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétrocommissions", en échange notamment des droits médiatiques et marketing pour les tournois internationaux, selon les autorités américaines.

Sept hauts responsables de la FIFA avaient été arrêtés le même jour à Zurich, dans un grand hôtel de luxe, en marge du Congrès annuel de l'organisation. Le même jour, le ministère public suisse annonçait qu'il avait ouvert en mars une enquête séparée sur l'attribution des Coupes du Monde 2018 et 2022. En plein scandale, "Sepp" Blatter a quand même été réélu le 29 mai président de la FIFA, avant d'annoncer quatre jours plus tard qu'il préférait remettre son mandat et organiser de nouvelles élections lors d'un Congrès extraordinaire prévu entre fin 2015 et début 2016.

Le 17/06/2015 à 18h24