Violente agression de deux étudiantes par un chauffeur InDrive à Rabat: la principale victime raconte

Agression physique d'une jeune femme.. Dessin Mohamed ELKHO-Le360

Rabat a récemment été secouée par un nouvel incident impliquant un chauffeur de la plateforme Indrive. Deux jeunes femmes ont été agressées par l’homme après avoir refusé de monter dans son véhicule, les informations affichées sur l’application ne correspondant pas à la réalité. Le chauffeur, pris d’une colère subite, s’en est violemment pris à elles. Récit.

Le 08/07/2025 à 14h02

Le dimanche 29 juin 2025, deux étudiantes âgées de 19 ans, originaires de Témara et de Casablanca, ont été victimes d’une agression à Rabat par un chauffeur de la plateforme InDrive. Les jeunes femmes, étudiantes à l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC), avaient commandé une course depuis le Megamall pour regagner leur domicile lorsqu’elles ont été prises à partie.

«J’utilise InDrive depuis presque deux ans, j’ai effectué plus d’une centaine de courses, et jamais je n’ai vécu une chose pareille», confie l’une des jeunes femmes, encore sous le choc. Elle ajoute: «D’habitude, lorsqu’un changement de trajet, de véhicule ou de chauffeur est nécessaire, je suis informée à l’avance. Cela évite toute mauvaise surprise.»

«Je l’ai commandée en fin de soirée, à 19h39», raconte-t-elle. Cinq minutes plus tard, une voiture grise arrive. Or, selon les informations de la course, elle devait monter à bord d’un véhicule noir. La couleur n’était pas le seul détail suspect: le numéro d’immatriculation ne correspondait pas non plus, et, plus inquiétant encore, le chauffeur n’était pas seul à bord.

Prise de panique, la jeune femme met son téléphone en silencieux et nie être la cliente. Accompagnée de son amie, elle tente de s’éloigner discrètement, tout en ignorant les appels répétés du chauffeur. «Je ne voulais pas le laisser attendre pour rien, mais j’avais un mauvais pressentiment», confie-t-elle. «J’avais peur qu’il réagisse mal si j’annulais la commande. Il aurait compris que c’était moi», ajoute t-elle.

Ce qu’elle redoutait s’est malheureusement produit. Le chauffeur, un homme imposant d’une trentaine d’années, est sorti brusquement de son véhicule et lui a arraché le téléphone des mains. En voyant son propre numéro affiché à l’écran, il s’est emporté violemment. «J’ai tenté de lui expliquer calmement que je ne pouvais pas monter dans un véhicule dont les informations ne correspondaient pas à celles indiquées sur l’application, mais cela l’a rendu encore plus furieux», raconte-t-elle.

Le ton est alors monté rapidement. Cris, insultes, coups portés sur la voiture: le chauffeur perd le contrôle, allant jusqu’à ordonner à la femme qui l’accompagnait d’agresser les deux jeunes femmes. Lorsque cette dernière tente de calmer les choses, le conducteur profère des menaces directes: «Il m’a dit clairement qu’il avait mon numéro, mon adresse, et qu’il me retrouverait quoi qu’il arrive. Cette phrase m’a glacé le sang», confie la jeune étudiante, encore marquée par la scène.

«C’est à ce moment-là que j’ai pensé à prendre une photo de sa plaque d’immatriculation, au cas où il m’arriverait quelque chose», se souvient la jeune femme. Mais à peine a-t-elle sorti son téléphone que le chauffeur l’a violemment frappée au ventre. En tentant de la défendre, son amie est elle aussi prise à partie, cette fois par la femme accompagnant le chauffeur, qui choisit de s’en mêler en sa faveur. Ensemble, ils s’acharnent alors physiquement sur la jeune étudiante, sous les yeux médusés de passants.

«J’ai tenté de sauver mon amie à mon tour, mais leur gabarit était bien trop imposant», raconte la jeune femme. «J’ai essayé de la tirer hors de leur emprise, et c’est là que le chauffeur s’en est pris à moi une nouvelle fois». Les coups pleuvent: pas moins de quatre au visage, d’autres au cou et à l’épaule. «Il m’a frappée jusqu’au sang, jusqu’à me casser les dents. J’ai cru que j’allais mourir», confie-t-elle, encore profondément atteinte.

Aucun passant n’intervient. Ni les témoins présents sur les lieux ne tentent de s’interposer. L’agression ne prend fin que lorsque le chauffeur réalise l’ampleur des blessures infligées. Il prend alors la fuite, accompagné de sa complice… laquelle en partant, abandonne même ses sandales au milieu de la chaussée.

Après l’agression, la jeune femme perd connaissance et ne se réveille qu’aux urgences. Ses parents la rejoignent peu après et la transportent, en fauteuil roulant, jusqu’au commissariat, où se trouvent déjà les deux agresseurs. Face aux autorités, le ton a changé: le chauffeur fond en larmes et demande pardon, tandis que la victime, encore sous le choc, s’efforce de relater les faits avec précision.

«Le lendemain, j’avais une opportunité de stage à la télévision, et je devais entamer une formation dans le domaine de la communication. Mais je n’en ai plus eu la force… j’ai tout perdu», confie-t-elle, la voix brisée. Aujourd’hui, une procédure judiciaire est en cours. «Je souhaite simplement que justice soit rendue pour mon amie et pour moi», conclut-elle.

Par Ryme Bousfiha
Le 08/07/2025 à 14h02