Les avocats de Sanae C. ont accueilli avec satisfaction ce verdict «exemplaire». «Le tribunal s’est forgé une conviction selon laquelle la culpabilité des trois accusés -qui ont nié en bloc les faits qui leur sont reprochés- est avérée et ne comporte aucune marge d’erreur», a déclaré à la presse Abdelfettah Zahrach, avocat représentant l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV).
Dans une brillante plaidoirie prononcée dans une salle archi-comble, Mohamed Essabar, avocat principal de la victime, a détruit les arguments sur lesquels s’était appuyé le tribunal de première instance pour rendre son verdict jugé clément à l’encontre des trois prévenus, qui étaient pourtant poursuivis pour «viols collectifs répétés et aggravés». En première instance, «la cour a accordé des circonstances atténuantes. Que signifie cette faveur?», s’est interrogé l’avocat.
«Cela veut dire que les violeurs qui sont devant nous ne sont que de simples violeurs amateurs, n’ayant aucun antécédent judiciaire. Ils ne font que commencer dans les crimes de ce genre», s’est-il indigné tout en vilipendant le verdict de deux ans et de 18 mois de prison ferme prononcé lors du premier procès.
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De son côté, l’avocate et présidente de l’AMDV, Aïcha Guellaa, a qualifié de «barbares» ces viols commis sur une mineure. «Les trois accusés ont agressé sexuellement et à plusieurs reprises la petite fille. Ils l’ont forcée à avoir des rapports par voie vaginale et anale. C’était tout simplement bestiale», a-t-elle plaidé dans un silence de tombe.
Après deux heures de délibération, la Cour d’appel a finalement rectifié le premier verdict en condamnant le principal accusé, Abdelouahed Ragragui, à 20 ans de prison ferme et 60.000 dirhams de dommages et intérêts. Ses deux coaccusés, Karim El Abdi et Youssef Zouaye, ont écopé chacun de 10 ans de prison ferme et 40.000 dirhams de dommages et intérêts.
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Alors que la cour lui a demandé s’il avait une dernière déclaration à faire, Abdelouahed Ragragui a une nouvelle fois nié les faits, allant même jusqu’à rejeter en bloc les résultats du test ADN qui a prouvé à 99,9% qu’il est le père biologique du garçonnet Rayane, né de ce viol sur la petite Sanae. Il a également nié avoir demandé la main de sa victime pour étouffer le scandale.
Dans son réquisitoire, le parquet avait demandé des peines maximales contre les trois accusés. «Si la peine de mort existait dans le Code pénal marocain, j’aurais demandé cette condamnation», a affirmé le procureur, ajoutant que «la pluie de spermatozoïdes vous appartient sans aucune contestation». Les trois individus disposent d’un délai de dix jours pour interjeter appel auprès de la Cour de cassation.