Vidéo. Ubérisation des livraisons: des emplois boostés par la crise

le360

Le 17/11/2020 à 09h56

VidéoSi la crise causée par le Covid-19 a supprimé des milliers d’emplois dans différents secteurs de l’économie marocaine, la livraison, elle, est en plein boom. Bon nombre d’étudiants ou de nouveaux chômeurs ont décidé de devenir coursier. Le360 les a rencontrés, ils expliquent leur choix.

Ils sont de plus en plus nombreux à se faufiler entre les voitures dans les différentes villes du Royaume. Eux, ce sont les livreurs à moto. Depuis l’arrivée de deux géants du secteur au Maroc et le début de l’épidémie du Covid-19, l’activité est en pleine croissance. Aujourd’hui, l’écosystème emploie des milliers de personnes et les effectifs des opérateurs ont triplé depuis le début de la crise sanitaire.

Le confinement et la crise induite par le Covid-19 ont provoqué l’arrêt de l’économie marocaine et certains secteurs n’ont toujours pas pu reprendre leur activité. Dans ce contexte, plusieurs entreprises ont été forcées de licencier ou de mettre à l’arrêt leurs salariés, qui ont dû se reconvertir.

«Avant j’étais dans la sérigraphie, mais avec le Covid-19 l’entreprise n’avait plus de travail et le patron a dû me mettre à l’arrêt. J’ai décidé d'être coursier, j’ai rejoint cette entreprise il y a une semaine. Nous sommes rémunérés à la course, entre 7 et 20 dirhams, ça dépend de la distance. Je choisis les heures au cours desquelles je veux travailler et combien d’heures aussi. Ça donne une forme de liberté et j’ai aussi le statut d’auto-entrepreneur, c’est comme si j’avais une société à moi. D’ailleurs j’ai une idée en tête mais je la réaliserai quand ça sera plus concret, pour l’instant ce n’est qu’une idée», explique Jaouad. Récemment papa, ce métier lui a permis de rebondir.

Pour certains, ce travail est un mi-temps. Plusieurs étudiants, suivant des cours à distance, ont décidé de devenir coursier pour meubler leur temps libre et gagner de l’argent.

«Je suis étudiant dans un centre de formation professionnelle avec les cours à distance, j’ai décidé de devenir livreur. Avec le confinement et le Covid-19, c’est un secteur qui marche plutôt bien. Ça me permet de gagner entre 3000 et 4000 dirhams par mois. Une fois que j’aurai fini mes études, je chercherai un emploi mais c’est difficile, il y a tellement de jeunes avec des diplômes qui ne trouvent pas de travail. Si je ne trouve pas, je continuerai à être coursier», confie Ayoub.

Si les livreurs à moto sont majoritairement des hommes, il y a aussi des femmes qui ont décidé de franchir le pas. Chez l’opérateur qui emploie Oumaima, 20% des livreurs sont des femmes. A 20 ans, la jeune fille rêve de devenir make-up artist.

«Avec le confinement, les études se sont arrêtées et comme je n’ai pas l’habitude de rester à la maison, j’ai décidé de travailler comme livreuse pour financer mes études. C’est plutôt un domaine d’hommes mais quand les clients ouvrent la porte et voient une fille ils sont plutôt agréablement surpris et je suis contente de faire ce métier. Nous sommes rémunérés 10 dirhams par course et nous travaillons dans une zone prédéfinie. Je fais entre 15 et 20 courses par jour», indique-t-elle.

Le secteur emploie tous types de profils, du père de famille à l’étudiant, à condition de posséder un deux roues. Cependant les 25-35 ans représentent la moitié des coursiers en fonction.

D’autres, comme Abdelaziz, ont un profil plus atypique. Ce jeune Sénégalais était venu au Maroc pour tenter de rejoindre clandestinement l’Europe. Après plusieurs tentatives infructueuses, il a décidé de devenir coursier et depuis, il ne pense plus à quitter le Maroc.

«Entre 2016 et 2018, j’ai tenté la mer quatre fois mais aujourd’hui puisque je gagne bien ma vie, je veux rester au Maroc. En 2019, j’ai été sacré meilleur livreur de la boîte et ils m’ont donné une moto. Je suis libre de mon temps, je peux travailler une heure, deux heures, dix heures ou même douze heures. Nous sommes rémunérés à la course et en fonction de la distance, je peux gagner entre 100 et 400 dirhams quand il y a beaucoup de travail. Je travaille tous les jours, je suis là pour gagner ma vie. Je suis en bonne santé, je travaille. Avec le corona, le secteur de la livraison marche plutôt bien, il y a plus en plus de gens qui intègrent ce domaine», témoigne Abdelaziz. 

Par Mehdi Heurteloup et Saad Aouidy
Le 17/11/2020 à 09h56