Commune de Timzouline, Zagora. Vendredi 19 janvier, il est dix heures du matin et c’est le dernier jour avant les vacances d’hiver. Les élèves sont contents, c’est l’agitation et la joie. Seule ombre au tableau: le visage ulcéré de ces enfants, plus de 150, tous atteints de leichmaniose.
Depuis plus de deux mois, cette maladie cutanée sévit à Zagora et dans les 15 douars sinistrés par ce qui ressemble à une véritable épidémie. Même si, jusqu'à présent, le ministère de la Santé et les autorités locales n’ont toujours pas déclaré d’épidémie.
Une maladie qui n’épargne personneL’acteur associatif Abdelouahed Derbi confie, face à la caméra de le360, que les ressources médicales sont insuffisantes, et que dans un tel contexte, où 90 % de la population est atteinte, un hôpital de campagne et des unités de traitement mobiles sont nécessaires.
Au Centre de santé, le sous-effectif est flagrant: deux petites salles de consultations où sont agglutinés des centaines de malades: bébés, enfants et adultes. La leichmaniose n’épargne personne. «A titre d’exemple, dans une famille nombreuse, tout le monde est malade et vous trouverez peut être une ou, au maximum, deux personnes qui seront épargnées» ajoute notre source.
Dans ce centre de santé de la commune de Timzoulmine regroupant 15 douars et 1550 habitants, selon le dernier recensement de 2014, il n'y a aucun dermatologue, seuls les quatre infirmières sur place dispensent le traitement à base d’injections de Glucantime, une pommade cutannée et de la betadine.
Les injections doivent s’administrer deux à trois fois par semaine selon l’ampleur de la maladie. Et c’est là où le bas blesse. Plusieurs habitants de cette commune ont confié à le360 qu’ils se contentaient de la pommade, et parfois, de traitements traditionnels à base de plantes, de Chih, Chebba et plus grave… d’eau de javel… «Cette maladie m’a usé personnellement. Je la soigne avec de la pommade et avec les traitements traditionnels…Cela fait plus d’un mois que je ne bouge pas de chez moi, que je n’arrive ni à travailler ni à aller au marché» lance cet homme désespéré.
Leichmaniose, origine et mode de transmissionDe son côté, Mohammed El Ghafiri, délégué du ministère de la Santé à Zagora explique que cette maladie est apparue dans la région à cause, entre autres, des eaux stagnantes. Ces bassins d’eaux stagnantes attirent toutes sortes d’insectes, mouches et moustiques en particulier qui transmettent la maladie à l’homme à travers leurs piqûres.
Les chiens errants et les rongeurs sont porteurs de la maladie, et les insectes les transmettent à leur tour. «Cette maladie n’est pas contagieuse, elle se transmet par ailleurs à travers les piqures d’insectes et par le toucher de chiens errants» ajoute Mohammed El Ghafiri.
Si Zagora et ses provinces ont été touchées par la leichmaniose, contrairement à d’autres régions du Maroc, c’est aussi à cause, entre autres, du cumul de déchets, de la forte présence de rongeurs dans les champs, comme nous l’a précisé Abderrazak Aheddane, président de la commune de Timzouline. Ce dernier se veut par ailleurs rassurant en soulignant qu’une campagne de dératisation est menée en partenariat avec le ministère de l’agriculture comme action préventive.