Il s'agit là, dans le quartier à la fois middle class, animé et commerçant du Maârif, central à Casablanca, de l'une de ses plus anciennes rues piétonnes.
Rue du Jura, malgré, dès 2016, quatre années de travaux intensifs (assortis du bruit et des désagréments qui en découlent pour les riverains), une fontaine illuminée n'aura duré que moins que le temps d'une saison, soit à peine trois mois. Les habitants du quartier sont en colère et l'ont dit haut et fort, devant Le360, dont une équipe s'est rendue dans ces lieux, pour constater les dégâts.
"C’est une honte pour le Maârif, que d’avoir une rue qui tombe en décrépitude, comme c’est le cas ici. La rue [du Jura] a perdu de son lustre d’antan, c’est dramatique", s'indigne une habitante du quartier, qui tourne le dos à une église désaffectée, dans laquelle, en son temps, le dramaturge Taïeb Saddiki donna des représentations de ses pièces de théâtre et contribua au rayonnement de la culture à Casablanca.
Cette même habitante du Maârif déplore, en plus, le fait qu'aujourd’hui "il y a énormément d’insécurité, de deals de drogue et de bagarres"... Autant dire que l'ambiance, rue du Jura, a drastiquement changé.
L'endroit le plus délabré de ce passage piéton est sans conteste la "fontaine" qui trône en son centre: il s'agit, en fait, d'un périmètre sécurisé, où la moindre chute accidentelle peut s'avérer dangereuse pour tout piéton -selon les témoignages recueillis, un enfant qui jouait là a failli y perdre la vie, ce qui a enjoint les autorités à boucler ce dangereux périmètre.
Carrelage fissuré, voire cassé, et, en dessous, de l’eau stagnant sur les moteurs qui étaient censés projeter des jets illuminés... Nous sommes bien loin de la fontaine promise, dans ce quartier qui, décidément, a beaucoup périclité depuis son âge d'or, au lendemain de l'Indépendance.
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Saïd tient un commerce, rue du Jura. Pour Le360, il déplore, au même titre que ses collègues, avoir "à subir ce délabrement tous les jours, surtout celui de la fontaine. Elle attirait les clients. Malheureusement, aujourd’hui nous n'avons plus que des trous béants apparus dans le carrelage". Et pour cet autre homme, barbier au Maârif, c'est parce que la rue du Jura n'est pas entretenue, que ses clients fuient les uns après les autres, même les plus fidèles.
Cette habitante du Maârif est elle aussi très mécontente: "personnellement je préfère l’état de la rue avant les travaux. Nous n’avons plus de bancs pour nous asseoir par exemple". Et de gronder: "malgré quatre années à supporter le bruit incessant des marteaux-piqueurs, cela ne nous a rien apporté de concret et notre quotidien n’a pas changé".
Elle conclut alors son propos par cette phrase sans appel: "nous avons l’impression que les travaux ont été bâclés, malgré les sommes astronomiques investies". Remarque pertinente, car en effet, au vu du piteux état de ce passage piéton, une question se pose logiquement: qu'a donc fait la commune du Maârif, dirigée par le PJD, du budget qui était alloué à ces travaux entamés en 2016 rue du Jura?