Vidéo. Enseignement à distance: le calvaire des mères

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Le360 consacre une série de reportages à l’enseignement à distance imposé par la pandémie. Nos équipes sont allées à la rencontre de diverses familles de différentes couches sociales. Entre soucis financiers, techniques ou d’organisation, parents et enfants ne savent plus à quel saint se vouer.

Le 26/09/2020 à 11h05

«Nous sommes trois à nous relayer pour utiliser le même téléphone», nous déclare d'emblée un jeune élève casablancais contraint à l’enseignement à distance.

«Les 10 dirhams de solde Internet, je préfèrerais les utiliser pour acheter des pommes de terre et un morceau de poulet afin de faire à manger à mes enfants», nous déclare Maria, sa mère, qui dit se trouver face à un gros dilemme: permettre à sa progéniture de poursuivre sa scolarité ou lui assurer le couvert.

La famille de Maria, dont une fratrie de trois garçons, réside dans une chambre à Derb Ghallef. Il y règne une insupportable cacophonie: impossible de départager les trois garçons quant à l'utilisation du téléphone et de faire le tri lorsque tous les enseignants envoient leurs cours en même temps.

L’un des trois garçons est appelé à plonger dans ses cours d’histoire-géo, le deuxième doit résoudre ses exercices de mathématiques et le troisième se triturer les méninges avec ses cours de physique. Mais il y a un autre aspect, disons d’ordre psychologique et de sociabilité qui se greffe aux problèmes pratiques liés à l'enseignement à distance. «Cela me manque de ne pas pouvoir retrouver mes camarades et de ne pas jouer avec eux pendant les récréations», avoue, en toute innocence et avec beaucoup de nostalgie, l’un des trois frères.

Autre milieu social, plus aisé, mais confronté à d’autres problèmes, parfois insurmontables.

Nous sommes chez Zahra, une mère de famille qui doit ramer chaque jour pour gérer, à distance, la scolarité de ses deux enfants. «Nous travaillons mon mari et moi. Comment faire alors pour superviser nos enfants? Comment faire pour savoir s’ils sont effectivement en train de suivre leurs cours ou s'ils vaquent à d’autres activités sur les téléphones ou les tablettes?», s’interroge Zahra.

L’un des enfants de Zahra est atteint de myopie et son médecin lui déconseille formellement d’utiliser les écrans, à savoir téléphones et tablettes. Que choisir alors? Autre dilemme qui donne des insomnies à la jeune mère de famille.

Et ce n’est pas tout. Parfois, c’est la connexion ou le réseau qui cessent de fonctionner. Depuis son travail, Zahra est alors amenée à jouer les «téléconseillères» pour ses enfants. «Sans parler de frais supplémentaires dont nous sommes obligés de nous acquitter. Ce n’est pas à la portée de tout le monde et nous subissons l'état de fait face à la facture», conclut Zahra.

C’est dire qu’avec l’enseignement à distance, c’est plus que des familles qui galèrent au jour le jour. C’est l’avenir de toute une génération qui risque d’être hypothéqué. C’est aussi un système qui risque de creuser encore le gap entre diverses couches sociales du pays. 

Par Amine Lamkhida et Khadija Sebbar
Le 26/09/2020 à 11h05