Les terrains de proximité font l’objet d’une polémique à Marrakech. Dans de nombreux quartiers de la ville, des pelouses synthétiques flambant neuves, construites, qui plus est, dans les normes demeurent fermées au grand public. Des dizaines de millions de dirhams investis dans des cages qui s’usent depuis plus deux ans sous le soleil de plomb de la ville Ocre, sans qu'aucun Marrakchi puisse en profiter.
Cette situation est le propre des habitants du quartier Abouab Marrakech, communément appelé «Addoha» en référence au promoteur qui a fait sortir, depuis 2008, ces amas de barres d’immeubles à la sortie de la ville, en partance vers Essaouira.
A en croire les habitants, les travaux du mini-complexe sportif ont pris fin il y a près de 3 ans, sauf que les terrains restent fermés suite à un conflit entre le promoteur immobilier et le sous-traitant en charge d’aménager cet espace de divertissement. «Je ne comprends pas pourquoi on investit des sommes colossales pour que nos enfants déambulent dans les rues», s’exclame un parent. Ces terrains, inaccessibles, font partie aujourd’hui du décor. Les enfants continuent, pour leur part, de squatter les rues et s’exposent ainsi en permanence aux accidents, avec la gène que cela peut occasionner pour la circulation.
Même ambiance au quartier Massira 3, où des enfants jouent sur le bitume. «Inaugurés le 6 novembre dernier, puis fermés juste après», déclare perplexe un habitant du coin, en évoquant l'état des lieux des terrains de proximité. Et ce ne sont pas tant les moyens qui manquent, la construction étant parachevée, qu'un problème de gestion. Idem pour le quartier Anbar (Massira 2) où là encore, des terrains synthétiques sont interdit d’accès, et ce, depuis le confinement.
Pourtant, dans d’autres arrondissements de la ville, les pelouses de proximité ont conquis aussi bien les jeunes qui transpirent la passion pour le ballon rond que les adultes.
Lancé dans le cadre du partenariat entre les ministères de la Jeunesse et des Sports, de l'Intérieur, de l'Economie et des Finances et les collectivités territoriales, ce programme est un modèle réussi d’insertion sociale à la disposition de la population. Manifestement, c’est la déclinaison de la vision globale à l’échelon local qui fait désormais défaut.
L’incapacité pour le foot local à franchir un palier et offrir un tremplin pour les jeunes prodiges est à l’image de la situation dramatique du KACM en ligue 2. Pour autant, le sport favori du public marrakchi ne perd pas une once de sa popularité.