Vents violents à Marrakech: tout un patrimoine écologique en péril

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Marrakech connaît depuis mercredi des perturbations météorologiques dont l’effet s’avère dévastateur sur le patrimoine écologique de la ville. Des principales artères du quartier Guéliz aux jardins historiques de la cité ocre, les scènes désolantes d’arbres à même le sol laissent les habitants et acteurs de la société civile perplexes.

Le 16/07/2022 à 10h33

Mercredi 13 juillet, les habitants du quartier Guéliz découvrent, perplexes, des troncs de jacarandas et de mûriers à même le sol suite à une violente tempête qui s’est abattue sur la ville en fin de journée. Dans la suite des coups de vent annoncés pour le reste de la semaine, une violente rafale accompagnée de fortes précipitations et d’orages a alourdi le bilan jeudi: des palmiers par terre le long des principales artères, la circulation partiellement gênée par des branches imposantes couchées sur la chaussée, et des dégâts constatés même dans des jardins historiques, comme celui d'Arsat Moulay Abdessalam.

Heureusement, aucune victime n’est à déplorer suite à ces chutes d’arbres dans des quartiers pourtant très fréquentés. «Cet événement climatique laisse derrière lui des arbres déchiquetés et des rues et avenues privées d’arbres», constate le botaniste Abderrazzak Benchaâbane.

Ce n’est pourtant pas la première fois que Marrakech connaît des épisodes d’orage de cette ampleur en plein été. En raison des perturbations atmosphériques, il est de coutume d'apercevoir en fin de journée un ciel divisé en deux: les dernières lueurs du jour d'un côté, et l'orage décontenançant venant du Grand Atlas de l'autre. S’il est à craindre que des épisodes violents de ce type soient de plus en plus fréquents, du fait, entre autres, du dérèglement climatique, faut-il pour autant tout mettre sur le dos de la tempête estivale?

Selon les experts, plusieurs facteurs concourent à expliquer ces chutes d’arbres. «Il y a d’abord les conditions de vie de certains sujets anciens et vieillissants», explique Tristan Le Normand, botaniste, directeur d’une enseigne basée à Marrakech. Le plus fréquent, «c’est le manque de formation des techniciens paysagistes ou jardiniers vis-à-vis des soins à apporter lors de l’entretien et l'arrosage à réaliser», poursuit-il.

Au manque d’entretien, s’ajoute le contexte de sécheresse qui accentue davantage la pression sur la flore en pleine ville. Pour les palmiers par exemple, le manque d’arrosage conjugué au stress hydrique peut être à l’origine de «troncs atrophiés suite à des années de sécheresses et donc un risque de casse», précise Le Normand.

Mais au-delà du manque d’entretien, d’arrosage et de formation, la sauvegarde du patrimoine écologique de la ville ocre interroge sur l’existence même d’une véritable volonté politique. «Un arbre bien soigné et entretenu en dit long sur l’effort déployé par les élus pour garantir une meilleure santé publique et le respect de l’environnement au service du citoyen comme celui des touristes et visiteurs. À Marrakech, nous avons besoin plus que jamais d’ombre. Une ville sans arbres sains et bien portants est une ville sans ombre, sans fraîcheur, sans flâneurs, sans vie», se désole Abderrazzak Benchaâbane. 

Par Ayoub Ibnoulfassih
Le 16/07/2022 à 10h33